La fresque préférée de Macron détournée par un groupe de graffeurs anonymes
À Paris, les autorités avaient fait réaliser une gigantesque Marianne par l’artiste américain Obey, sur un immeuble du 13e arrondissement. Une Marianne qui se trouve aussi à l’Élysée, et apparaît régulièrement lorsque Macron fait des discours. Bref, de l’art officiel. Cette Marianne géante a été modifiée la nuit dernière. Les 3 mots de la devise, qui s’étalent sur la largeur de la façade ont été barrés à grands jets de peinture blanche, tandis que la Marianne pleure désormais des larmes rouges. Une référence aux violences policières ? Les auteurs du détournement protestent contre le gouvernement, et ont répondu à nos confrères du média indépendant sur le street art HIYA :
« Cette œuvre est un véritable uppercut. Une très belle performance, par son engagement, sa technicité et son échelle. Valeurs trahies, urgence vitale et désir de liberté : l’élan qui traverse cette création est une décharge d’énergie pure. C’est une œuvre au présent, pleine de paradoxes : peinte sur un mur mais découverte en photo ; qui s’inscrit dans un contexte qu’elle ne mentionne pas ; qui raye les mots auxquels elle voudrait redonner du sens. Elle est un geste de liberté sous une chape de plomb, une œuvre brute et brutale – néanmoins réfléchie..
« Ouvrez-donc les yeux »
LREM-NRV (1ers mots)
Elle nous semble exprimer une violence et une urgence absolue. La Liberté ne guide plus le peuple. Marianne est en deuil, les yeux rougis par le sang de ses larmes. On y sent également une grande colère – depuis trop longtemps refoulée. Leur pamphlet est une critique, parfois outrancière mais sans concession, d’un modèle de société qu’ils considèrent épuisé, gangréné par l’injustice, la violence et une perte de sens généralisée.
« Vous dérobez les mots brillants cachés derrière les vitrines de nos espoirs pour les remplacer par des signifiants creux, de la camelote lustrée, incrustée d’émeraudes réactionnaires en plastique. »
LREM-NRV
Ils revendiquent une perspective situationniste, attachée à une pratique artistique ancrée dans le politique : cette œuvre résume en une image puissante l’appel auquel ils répondent et l’engagement qui est le leur. Ils semblent vouloir nous dire qu’après des décennies de faux-semblant, il est temps de siffler la fin de la récréation et d’affronter le monde en face. Si « jusque-là tout va bien », le sol commence à se rapprocher dangereusement.
« Liberté, Égalité, Solidarité, toujours. Parlons de réel, même s’il vous terrifie. »
LREM-NRV
Un retour aux sources du graffiti art : le style et le sens réunis dans un geste poétique et engagé, en direct de la rue
Cette contribution au projet #MariannePleure, est un magnifique hommage à la peinture de rue. Écrire sur les murs est la forme la plus pure de liberté d’expression, nous rappellent-ils. La rue est à eux et ils s’en emparent. Toujours avec élégance, « la forme, c’est le fond qui remonte à la surface » disait Victor Hugo.
« Vous êtes les maris violents des valeurs que vous prétendez défendre. »
LREM-NRV
On y voit aussi un refus de cette « momification » voulue par les commanditaires d’une œuvre, qui dénature la notion même de street art. Les artistes revendiquent, avec cette création, un art contemporain en perpétuel mouvement, qui exprime en direct les transformations de la ville, ses révoltes, ses humeurs, ses changements. Un art qui refuse les lieux clos et l’immobilisme, pour mieux respirer l’air du temps et exprimer nos consciences.
« Agitez vos drones, zappez entre vos caméras, la seule chose que vous verrez c’est nos majeurs depuis les toits de la ville, de la peinture plein les fringues. »
LREM-NRV
Quitte à égratigner au passage un certain Shepard Fairey alias Obey, créateur de la fresque originale. Street artist mondialement connu, qui s’est fait remarquer par ses œuvres contestataires – dont certaines lui ont valu des poursuites pour dégradation – avant de devenir l’un des artistes les plus bankables de la planète.
Et puis quelle audace ! Une bande de puristes anonymes a détourné la fresque préférée du Président Emmanuel Macron (qui possède une réplique offerte par l’artiste dans son bureau) pour signifier que les symboles de la République et l’espace public appartiennent à tout le monde. C’est aussi gamin que radical, aussi drôle qu’audacieux. « Make art not war », Obey l’avait bien dit. »
Vous pouvez lire l’article complet ici : https://hiya.fr/2020/12/14/inedit-un-crew-anonyme-fait-pleurer-la-plus-grande-marianne-de-france-mariannepleure/
Et suivre ce nouveau média streetart et engagé ici : hiya.fr
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