Un manifestant belge arrêté à Paris est en rétention depuis 13 jours


Michaël passe Noël en centre de rétention en attendant son expulsion


Il s’appelle Michael, il est de nationalité belge, et il passe les fêtes de fin d’année enfermé dans un Centre de rétention en périphérie de Paris. Le motif ? Il participait à la manifestation du 12 décembre à Paris, contre la «Loi de sécurité globale». Interpellé, il a été placé dans un Centre de Rétention Administrative alors qu’il n’avait pas commis d’infraction. Il se trouve dans une de ces prisons qui servent à enfermer les exilé-e-s en attente d’expulsion, et qui permettent de priver de liberté des personnes qui n’ont commis aucun délit. Pour sa participation à une manifestation en France, Michael, est visé par une procédure d’expulsion et doit, en attendant, rester enfermé. Depuis quasiment deux semaines. Une privation de liberté extrêmement grave.

Son avocat explique : «Le tribunal administratif a refusé de le libérer. Les mots «menace suffisamment grave» et «intérêt fondamental» [utilisés par les magistrats pour désigner Michael] n’ont donc plus aucun sens. Il n’avait rien fait d’illégal. Voici donc un homme enfermé depuis 12 jours aux frais de l’État alors qu’il devrait être chez lui en Belgique pour passer Noël. Didier Lallement, non content de violer la loi et de mépriser l’État de droit, enferme autant qu’il peut nos concitoyens européens qui font le choix d’exercer une liberté démocratique fondamentale : celle de manifester».

Ce n’est pas la première fois que ces mesures d’enfermement sans condamnation sont utilisées pour cibler des manifestants ou des militants supposés. Jessica et André, deux belges, avaient été arrêtés à Paris le samedi 16 novembre 2019 lors d’une manif de Gilets Jaunes. Coincés par les charges policières, ils avaient été roués de coups et insultés par les policiers, qui les ont accusé d’avoir «mis en place une barricade». Garde à vue pendant 24h, comparution immédiate, et relaxe car ils n’avaient rien fait, et ont été violentés par des policiers déchaînés. Mais le préfet de Paris les avait tout de même placé en centre de rétention pour les expulser. Ils ont passé plus de deux semaines enfermés.

En mai 2019, une jeune femme enceinte, d’origine espagnole mais vivant en France depuis 17 ans était placée en centre de rétention et menacée d’expulsion. Elle avait été arrêtée à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière lors de la manifestation du 1er mai. Sa nationalité étrangère avait permis aux autorités de la mettre en centre de rétention. Après le G7, trois allemands soupçonnés de se rendre à Biarritz étaient jetés en prison sans avoir commis aucune infraction. Une fois sorti de cellule, l’un d’entre eux était placé immédiatement en rétention pour être expulsé vers l’Allemagne, sans avoir le droit de contacter ses proches.

Cette politique de terreur est symptomatique du durcissement accéléré du régime de Macron, qui ne cesse d’intimider en frappant les chairs et en privant de libertés quiconque cherche à résister. Elle est aussi symptomatique de la fuite en avant raciste des institutions, qui enferment chaque année des dizaines de milliers d’étrangers, privés de liberté pour avoir commis le crime de ne pas être français. Cette enfermement «administratif» vise de plus en plus fréquemment des opposants politiques de pays frontaliers européens – donc de l’espace Schengen –, dont le seul tort est d’avoir manifesté en France. L’enfermement administratif est donc une punition para-légale pour terroriser et briser toute solidarité internationale.

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