Lundi 1er février, la junte birmane arrêtait Aung San Suu Kyi, cheffe du gouvernement civil, et le président Win Myunt tous deux membres du LND, parti libéral-conservateur
Ce «coup d’État» déclenchait un vaste mouvement de désobéissance civile dans tout le pays. Boycott des produits industriels appartenant aux militaires, arrêts de travail intempestifs dans les hôpitaux, les écoles, sont des formes de mobilisations inédites dans un pays où l’armée détient la totalité ou la quasi-totalité des pouvoirs depuis 1962.
Malgré la tentative du pouvoir militaire de museler la contestation en organisant un black out d’internet et une centaine d’arrestations, notamment des figures du mouvement pro-démocratique de 1988, les rangs ne cessent de grossir du côté des insurgé-e-s. Ce sont des centaines de milliers de birman-e-s qui manifestent chaque jour dans les rues de tout le pays. Parmi eux, des anarchistes.
Après une semaine de manifestations et en difficulté face à ce mouvement populaire massif, le chef des forces armées, le général nationaliste et xénophobe Min Aung Hlaing Hlaing, principal responsable de la politique meurtrière à l’égard des Rohingyas, a décrété la loi martiale, ce lundi 8 février.
Hier, mardi, loin de décourager les contestataires, c’est encore plus nombreux et déterminés que les manifestants et manifestantes descendaient dans les rues. Face à la répression policière qui est montée d’un cran avec de nombreux tirs de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc sur la foule et l’usage massif de canons à eau, des affrontements ont éclaté à Mandalay et Naypyidaw. Munis de casques et parapluies pour se protéger des attaques policières, les manifestants rendaient coup pour coup aux forces de répression. Un rapporteur des nations unies certifiait que la police avait tiré à balle réelle sur une jeune femme touchée à la tête et qui se trouve aujourd’hui en soins intensifs. A Rangoun, lors de la manifestation la présence de soldats aux côtés de policiers a été constatée, pour encadrer le cortège.
Des messages de soutien envoyés depuis les camps de Rohingyas sur les réseaux sociaux au soulèvement en passant par les revendications des manifestants demandant l’abolition de la dictature militaire, l’établissement de l’égalité ethnique et d’une véritable union fédérale, le mouvement ne faiblit pas. En dépit de la répression brutale de la journée d’hier, les révolté-e-s, qui ont adopté le salut à trois doigts, inspiré de la saga Hunger Games comme signe de ralliement, restent fortement mobilisé-e-s… Jusqu’à la chute du régime ?