Le jeune écologiste a été tué par une grenade explosive tirée à hauteur de tête
Dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014, des dizaines de grenades et de balles en caoutchouc pleuvent sur les manifestants opposés au barrage sur la ZAD du Testet. Rémi Fraisse, 21 ans, militant écologiste, est tué sur le coup par une grenade offensive, appelée OF-F1, lancée à hauteur de tête par un gendarme.
Quelques mois plus tard, lesdites grenades étaient interdites…pour être mieux remplacées par les GLI-F4, tout aussi explosives et mutilantes. Ce sont d’ailleurs ces armes principales qui ont causé la mutilation de plusieurs personnes dans le mouvement des Gilets Jaunes. Le projet de barrage au Testet, lui, avait été abandonné, mais il lui succède un nouveau projet d’irrigation de la zone…
À l’époque, l’assassinat de Rémi Fraisse donne lieu à des manifestations émeutières d’une jeunesse furieuse des violences policières répétées. Les partis politiques de gauche, eux, sont aux abonnés absents. Soulignons qu’en 2014, il s’agissait du mandat de François Hollande. Le gouvernement est rassuré : il peut tuer en manifestation, sur les ZAD et dans les quartiers sans que cela ne lui coûte cher politiquement.
Par comparaison, lorsque Malik Oussekine est assassiné par les voltigeurs en 1986, Devaquet, le ministre qui a proposé la réforme contre laquelle la gauche se mobilise, démissionne, et sa réforme est abandonnée. Le gouvernement a retenu son souffle. En 2014, c’est l’inverse : le pouvoir en sort renforcé, il a réussi à «maintenir l’ordre» en réprimant sévèrement les manifestations de rage, et la police continue de s’armer, même avec des grenades offensives. En toute indifférence.
La famille endeuillée porte plainte. Les juges d’instruction rendent un non lieu, puis la cours d’appel, même sentence pour la famille qui se voit opposer un déni de Justice. Et hier, mardi 23 mars, la Cour de Cassation a confirmé le non-lieu. Le gendarme qui a tué Rémi ne sera jamais poursuivi. Il n’aura jamais à répondre de son acte. Une vie a été arrachée à la grenade explosive tirée par un gendarme, mais n’y aura pas de justice.
C’est, à vrai dire, très fréquent. Blanchir des agents du maintien de l’ordre pour des actes de mort leur conforte ce sentiment d’impunité qui leur donne carte blanche pour n’importe quel acte de violence. Un vrai permis de tuer décomplexé.
Et le constat est sans appel : les violences policières ont décuplé ces dernières années, on ne compte plus les blessés et tués par la police, qui s’est totalement militarisée et tend à devenir un corps autonome, débridé de toute barbarie.