Il y a 150 ans, cet hommage enthousiaste de l’écrivain Jules Vallès paru le 26 mars 1871, à la Commune de Paris. Quand le champ des possibles était grand ouvert.
« 26 mars Quelle journée !
Ce soleil tiède et clair qui dore la gueule des canons, cette odeur de bouquets, le frisson des drapeaux, le murmure de cette révolution qui passe, tranquille et belle comme une rivière bleue ; ces tressaillements, ces lueurs, ces fanfares de cuivre, ces reflets de bronze, ces flambées d’espoir, ce parfum d’honneur, il y a là de quoi griser d’orgueil et de joie l’armée victorieuse des républicains.
Ô grand Paris ! Lâches que nous étions, nous parlions déjà de te quitter et de nous éloigner de tes faubourgs qu’on croyait morts ! Pardon ! patrie de l’honneur, cité du salut, bivouac de la Révolution ! Quoi qu’il arrive, dussions-nous être de nouveau vaincus et mourir demain, notre génération est consolée ! Nous sommes payés de vingt ans de défaites et d’angoisses.
Clairons ! sonnez dans le vent ! Tambours ! battez aux champs ! Embrasse-moi, camarade, qui a comme moi les cheveux gris ! Et toi, marmot, qui joue aux billes derrière la barricade, viens que je t’embrasse aussi ! »
Jules Vallès, Le Cri du Peuple, 26 mars 1871