Licenciée après avoir critiqué la police en-dehors de son travail
En février dernier, Christel a été recrutée comme cheffe de service à l’Agence Départementale de la Prévention Spécialisée, une entité du Conseil Départemental. Le 24 mars, elle reçoit un avis de licenciement.
Ce qui lui est reproché ? Avoir osé critiquer la police et la ville de Saint-Nazaire ! Christel faisait alors allusion aux manifestations relatives à la maison du peuple et au mouvement des Gilets Jaunes. En d’autres termes, elle est virée à cause de ses idées et son engagement militant, en dehors de son travail.
Critiquer la police dérange dans les sphères de ceux qui nous gouvernent et Christel paie son militantisme jusque dans son travail. Une volonté à peine voilée de ne pas permettre aux personnes comme Christel, critique et engagée, d’être en contact avec la jeunesse…
Après le choc de la nouvelle, la travailleuse sociale a décidé de saisir le tribunal administratif afin de tout faire pour réintégrer son poste et ne pas se laisser intimider.
C’est loin d’être la première fois que des agents se font licencier sur des bases politiques dans le secteur public.
Rappelons-nous de Yann, conseiller pôle emploi qui s’est fait virer parce qu’il aidait trop bien les usagers à obtenir leurs droits.
N’oublions pas non plus Eric, cheminot, qui s’est fait dégager pour être venu en aide à des collègues mal en point et pour avoir contesté les logiques managériales de la SNCF.
Et aussi Adama, viré pour s’être reposé 2 minutes à cause d’une blessure au pied.
Et encore Mathieu, chercheur au Centre National d’Études Spatiales à Toulouse, licencié sur la base d’informations transmises par la DGSI ! Leur justification est ahurissante : Mathieu aurait eu, à deux reprises, des liens avec «l’utra-gauche radicale»…
On cite aussi les 3 enseignants de Melle qui ont été suspendus pour s’être mobilisé.e.s contre la loi Blanquer et les E3C, ou L., virée de son travail à cause de l’affaire «homard et parapluies» dont il n’y a même pas de procès en vue…
Et il y en a plein d’autres dont on n’entend peu parler.
Dans le secteur privé, les licenciements abusifs ne manquent pas non plus. Rémi, par exemple, avait été licencié par Amazon pour avoir soutenu les Gilets Jaunes. Depuis, les Prud’hommes lui ont donné raison et Amazon condamné à l’indemniser.
La liste n’est donc pas exhaustive. Dans certains cas, l’acharnement de la direction contre des agents a donné lieu souvent à des conséquences dramatiques : isolement social, précarité mais aussi dépression voire suicide. Pensée pour M.P., éboueur, qui s’est donné la mort suite à son licenciement pour avoir consommé une bière offerte par un client.
La police politique fait son œuvre et se charge d’évincer les éléments trop à gauche du monde du travail autant que possible. Sous le prétexte de l’obligation de neutralité et de subordination, rappelés avec force par la loi «séparatismes», les pouvoirs publics peuvent empêcher des agents dont les idées et actions politiques paraissent trop contestataires de venir travailler dans le service public. Il s’agit d’un véritable contrôle politique mis en place dans le secteur public. Pour l’État, il ne lui faudrait que des agents dociles, prêt.e.s à obéir et à appliquer les directives sans réfléchir, quelles qu’elles soient. Jusqu’où cette obéissance peut aller ? Par le passé, elle est allée beaucoup trop loin et a permis des atrocités. Ne perdons pas la mémoire.
Soutien à Christel et à toustes les autres !
Photo : Christel au centre.