Rendez-vous le 23 avril
Un an de crise sanitaire et économique n’a rien changé à la marche du monde. Les riches sont toujours de plus en plus riches, et les pauvres de plus en plus pauvres. Les inégalités se creusent de façon exponentielle. La crise n’empêche pas le pouvoir de maintenir le cap de l’injustice sociale…
Avant même l’apparition du Covid-19, le soulèvement honorable spontané des Gilets Jaunes répondait précisément à cette dynamique criminelle d’inégalités indécentes. L’été suivant, Médiapart révèle que De Rugy, petit nanti local, s’empiffrait de dîners fastueux avec du homard et du champagne aux frais du contribuable, osant se plaindre que « le champagne lui faisait mal à la tête ». Récemment, les frasques du duo Chalençon-Leroy, qui vendaient des repas luxueux dans un hôtel privé en plein confinement, ont confirmé que les privilèges pour les riches se perpétuent tandis que pour les plus pauvres, la police et la justice n’ont aucune complaisance. Dans le même temps, les entreprises prévoient tranquillement leurs plans de licenciements, alors même que les actionnaires se versent des dividendes faramineux.
Rappelons-nous, l’année dernière, le gouvernement avait amplement communiqué sur le fait qu’il fallait peut-être revoir notre modèle de société, qu’il faudrait « tirer les leçons » de la pandémie : sans la moindre surprise, rien n’a changé. C’est une crise comme les autres. Le pouvoir craint un instant une explosion sociale et met alors en place des garde-fous pour empêcher une contestation déstabilisante d’émerger. Résultat : des militaires et des policiers en armes partout dans les rues, des amendes qui pleuvent, et des violences policières pour mater les récalcitrants.
En d’autres termes, alors qu’une telle pandémie devrait remettre en cause le fonctionnement de nos sociétés à l’échelle mondiale, à savoir le capitalisme et ses systèmes de domination, la seule réponse trouvée par le pouvoir pour y faire face est de maintenir ce système et de renforcer les dominations. Ceci, notamment, par un discours et des pratiques sécuritaires. C’est ainsi que sont mis en place de nombreux dispositifs de surveillance et de contrôle : attestations, couvre-feu, passeport sanitaire à venir, drones, multiplication des caméras etc. Outre ces dispositifs, d’autres semblent moins liés à la crise, mais participent en réalité d’un contrôle social écrasant qui s’abat sur les plus précaires, et leur mise en place est facilitée par l’atomisation dans laquelle on se trouve depuis un an. C’est le cas de la réforme de l’assurance chômage, qui vient s’attaquer aux demandeurs et demandeuses d’emploi. En pleine période de crise.
D’une part, cette réforme vient réduire le montant des indemnisations, qu’on appelle ARE (allocations de retour à l’emploi). Jusqu’ici, le calcul se basait sur le salaire touché par nombre de jour travaillés. La réforme impose de prendre en compte également les périodes non-travaillés :de façon mathématique, le salaire journalier de référence (SJR), qui est un des éléments qui détermine le montant des allocations, s’effondre. Pour les personnes à temps partiel, principalement des femmes, c’est une perte de revenus énorme.
D’autre part, la période prise en compte pour avoir droit aux ARE change. Jusque-là, il fallait avoir cotisé 4 mois sur les 28 derniers mois. Avec la réforme, il faudra avoir cotisé 6 mois sur les 24 derniers mois.
Ainsi, pour des centaines de milliers de personnes, les pertes d’allocations seront énormes, et notamment pour les plus précaires : celles et ceux qui enchaînent des contrats avec des jours de creux, celles et ceux qui sont à temps partiel, vont voir leurs allocations fortement diminuer. Et le coût de la vie ne diminue pas. Les plus vulnérables n’ont pas d’hôtel privé où organiser des soirées payantes.
Les indemnisations chômage sont un droit, et non un profit. Mais actuellement, ce sont les riches qui font des profits. Cette réforme est une cruelle injustice en ces temps de crise. Qui peut ignorer que les riches ne paieront jamais la crise qu’ils ont pourtant crée ?
Sombrer dans la résignation ne fait rien gagner. La colère gronde.
Depuis les théâtres occupés et dans les collectifs de précaires, dans tout ce que le pays compte de révolté.e.s, il n’est pas envisageable de laisser passer cette réforme sans rien dire. La coupe est pleine. Une mobilisation est prévue le vendredi 23 avril : rendez-vous à 13h à Graslin.