Séparatisme : les autorités construisent une enceinte fortifiée autour de la préfecture de Nantes


Le bâtiment avait été pris par les insurgé-es en Mai 68


Depuis quelques jours, le furoncle architectural que les nantais et nantaises ont pris l’habitude d’appeler Préfecture est encore plus laid que d’habitude. De hautes palissades grisâtres entourent l’édifice. Sur un panneau d’affichage, on peut lire qu’il s’agit d’un «cloisonnement de chantier» pour une muraille de 200m2 qui va entourer les jardins de la préfecture. Et que les travaux vont durer du 19 avril au 31 juillet. Le futur mur de protection sera composé de «bardages métalliques et panneaux grillagés».

Rappelons que la Préfecture de Nantes est déjà hautement protégée : sa façade historique, située dans une arrière cours bourgeoise, n’est plus accessible depuis des années lors des manifestations. Les forces de l’ordre empêchent le moindre opposant de s’en approcher en bouclant tout le quartier. Mais le mur qui longe l’Erdre, protégé par des canons à eau, est régulièrement tagué. C’est aussi le lieu de nombreux affrontements.

Il faut dire qu’en Mai 1968, les manifestants avaient réussi à prendre la préfecture, en l’attaquant avec un engin de chantier, et en incendiant une aile. Le Préfet de l’époque avait même demandé l’autorisation au pouvoir parisien d’ouvrir le feu sur les insurgés. Autorisation refusée, le Préfet avait dû fuir la ville ! Depuis, l’idée de reprendre la Préfecture est un vieux rêve qui hante le cœur de la population. Au début du mouvement des Gilets Jaunes, une foule guillerette avait d’ailleurs amené des échelles faites maison pour grimper dans les jardins, provoquant plusieurs heures de chamailleries. Plus tard, c’est une partie du mur qui était même descellée.

Prévenantes, les autorités veulent donc muscler encore plus la «protection» de l’édifice. Un appel d’offre a été émis le 19 novembre dernier, visant à raser l’ensemble de la balustrade historique en pierre qui borde actuellement la cour du bâtiment, pour la remplacer par une grille en fer forgé de deux mètres de haut sur l’ensemble de la façade le long de l’Erdre. Le chantier, d’un montant supérieur à 100.000 euros, a donc commencé.

Que craignent donc nos institutions si légitimes et appréciées du bon peuple ? Rappelons que le Tribunal de Nantes, régulièrement aspergé de peinture, s’était lui aussi caché derrière une muraille amovible en métal, interdisant à quiconque d’approcher de cet ignoble lieu de punition. Les édifices du pouvoir se barricadent par peur de la population. Les puissants et leurs laquais sont en plein séparatisme.


La bunkerisation de ces lieux est-elle à la hauteur de la détestation qu’ils inspirent ? Est-ce le signe de prochains mois agités ? Peut-être. En tout cas, le pouvoir semble en être déjà convaincu.


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