4 mois de prison ferme pour avoir giflé le monarque, impunité pour les crimes policiers
Mardi 8 juin, la joue du Président Macron entrait paresseusement en contact avec la main d’un quidam dans un village de la Drôme. Un déchaînement politico-médiatique était immédiatement organisé : l’intégralité de la classe dirigeante apportait son soutien au chef d’État, les chaînes de télévision transformaient l’événement en drame national. Un délire collectif visant à cacher le fait que, secrètement, la majorité de la population rêve d’en découdre avec les représentants du pouvoir. Cette indignation médiatique rappelait d’ailleurs celle qui avait suivi le chahut autour du convoi présidentiel au Puy-en-Velay, en décembre 2018, au début du mouvement des Gilets Jaunes.
Il s’avère rapidement que le gifleur est un individu d’extrême droite nostalgique de la monarchie. Arrêté, mis au cachot pendant deux jours, il est jugé en comparution immédiate jeudi 10 juin. Il y a une part d’ironie dans ce triste spectacle : le royaliste va goûter à la justice d’Ancien Régime qu’il rêve de rétablir. Lors d’un procès grotesque, le procureur demande 18 mois de prison. Les juges suivent, et distribuent 14 mois de taule, dont quatre fermes. L’individu, sans casier judiciaire, dort en prison le soir même. Les magistrats rétablissent le crime de lèse majesté et décident de le mettre aux fers immédiatement. Le corps du roi est sacré pour la justice, il vaut plus que celui de la plèbe.
Ce sont deux mondes réactionnaires qui se sont fait face. La Justice d’État, qui protège les riches, les policiers, les élus mais qui frappe fort sur tout ce qui peut leur porter atteinte d’un côté. Et un militant royaliste de l’autre. Quoiqu’il en soit, le verdict est scandaleux. En France, on part en prison pour des mois pour avoir effleuré le Président, mais les policiers qui tuent, arrachent des mains ou crèvent des yeux sont médaillés. Et les politiciens corrompus obtiennent des peines avec sursis au bout de longues années de procédures.
Cette peine n’est pas pour autant exceptionnelle. Nous ne comptons plus les manifestants jetés en taule après des procès expéditifs pour de prétendues «violences» ou «outrages» sur des policiers ou des représentants du pouvoir. Sur de simples présomptions la plupart du temps.