En juillet 2016, Adama Traoré mourait asphyxié sous le poids de gendarmes dans la caserne de Persan, près de Beaumont-sur-Oise. Un crime d’État, une violence raciste et sécuritaire. Les jours suivants, le quartier du défunt s’embrase d’une légitime colère. Aucun gendarme ne sera arrêté pour la mort d’Adama, mais une enquête gigantesque se met en place contre les «émeutiers» présumés. Le frère d’Adama, Bagui Traoré, est arrêté et jeté en prison en attendant son procès.
Plus de 4 années s’écoulent. Après 3 semaines de procès, Bagui Traoré vient d’être acquitté. Lors de leurs plaidoiries, ses avocats ont «dénoncé un «naufrage» de l’institution judiciaire et accusé les enquêteurs de l’avoir ciblé pour «faire diversion» à la mort de son frère Adama». Si on peut se réjouir de cet acquittement, on ne peut qu’être révolté qu’un homme déjà endeuillé par la faute des forces de l’ordre ait été enfermé pendant des années sans procès. Bagui Traoré a passé 5 ans en prison pour rien, parce que les forces de l’ordre ont tué son frère et que sa sœur se bat pour la justice. 5 ans de détention «provisoire», pour que même le parquet reconnaisse l’absence de preuve et que les juges finissent par l’acquitter.
Des innocents qui passent plusieurs années en prison, par dysfonctionnement organisé de l’institution policière et judiciaire, il y en a eu d’autres récemment : dans l’affaire Viry-Châtillon, à propos de policiers visés par des projectiles incendiaires, plusieurs jeunes hommes ont été acquittés après plusieurs d’années d’enfermement au terme d’une enquête bâclée, truquée, et entièrement à charge. Comment se reconstruire après une telle injustice ?
Il ne faut pas oublier les autres prévenus. Les peines distribuées aux autres personnes jugées sont extrêmement dures : deux hommes ont été condamnés à 8 et 12 ans de prison. Des années derrière les barreaux quand les criminels en uniforme ne sont jamais condamnés.