Pass Sanitaire : refoulé d’une bibliothèque de quartier gardée par un vigile


Chronique d’une société de contrôle total


La scène, surprenante, est racontée par un jeune nantais d’une vingtaine d’années. Alors qu’il se rend dans une petite bibliothèque de quartier, dont l’affluence dépasse rarement la dizaine de personnes présentes en même temps dans les pièces, il aperçoit «un vigile devant la porte». Il ajoute : «je lui demande s’il y a un contrôle des pass sanitaire, il me dit que oui».

Pour pouvoir rendre les livres qu’il avait emprunté, il montre alors un pass sanitaire réalisé deux jours plus tôt dans le cadre d’un voyage : « le test avait été fait à l’étranger, je lui montre, mais ça ne marche pas. Il me dit désolé, je ne peux rien faire pour toi. J’avais des livres à rendre, alors il m’a proposé de prendre mes livres et de les déposer pour moi. Le gars était plutôt cordial mais bon, ça fait quand même bizarre, un vigile qui contrôle les gens qui rentrent dans une bibliothèque. »L’histoire paraît énorme.

Nous sommes donc allé consulter le site de la mairie de Nantes. Et effectivement, il est écrit : «en application du décret n° 2021-1059 du 7 août 2021, l’accès aux bibliothèques et médiathèques est soumis à la présentation d’un passe sanitaire. Jusqu’au 30 septembre cette mesure concerne toute personne majeure. Les mineurs de 12 à 17 ans seront également concernés par cette obligation à partir du 30 septembre». Les autorités municipales en plein zèle sécuritaire.

Pourtant, le 12 août, le Préfet de Loire-Atlantique annulait les contrôles de pass sanitaire dans les centres commerciaux gigantesques qui se trouvent en périphérie de Nantes. Ces hypermarchés de plus de 20 000 mètres carré, qui peuvent accueillir des milliers de consommateurs en même temps, ont été exemptés du pass, «jusqu’à nouvel ordre», à la demande express des plus hautes autorités locales.


Nous sommes donc dans une société qui place des contrôleurs devant des petites bibliothèques mais laisse grand ouverts des centres commerciaux. Qui croit encore que la mesure, hautement liberticide, a la moindre cohérence sanitaire ?


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