Grenoble : les bibliothécaires refusent de contrôler les Pass Sanitaires


Grève en cours dans plusieurs bibliothèques, omerta médiatique


Ce mercredi 25 août, les bibliothécaires en lutte de la ville de Grenoble ont voté à l’unanimité la poursuite de la grève pour le 3ème jour consécutif. Mais aussi le refus total de contrôles des Pass sanitaire, et lutteront collectivement contre d’éventuelles sanctions. Ailleurs en France, d’autres bibliothèques sont sont en grève, à Paris, Lyon, Toulouse, Brest ou la Rochelle. C’est actuellement le seul secteur en grève contre cette mesure, avec les collectifs de serveurs de Nantes et de plusieurs villes de Bretagne, également mobilisés sur le sujet.

À Grenoble, 7 bibliothèques sont donc fermées, et les grévistes se réunissent en Assemblées devant la mairie, avec des personnes venues apporter leur soutien. Une bibliothécaire de Grenoble et déléguée du personnel nous explique : «Moi, comme mes collègues, sommes ultra révolté.es par le contrôle du Pass sanitaire en général et dans l’accès aux services publics et aux bibliothèques en particulier. Le Pass induit un contrôle et un filtrage à l’entrée des bibliothèques qui va à l’encontre de notre conception du service publique : un accès libre ouvert à toutes et tous, sans discrimination».

Pour elle «les bibliothèques sont des lieux culturels qui ont un rôle social très fort : nous sommes un lieu d’accueil pour les publics les plus précaires, nous avons un rôle d’accompagnement et d’information. On peut autant venir à la bibliothèque emprunter le dernier prix Goncourt, que pour prendre un rendez-vous à la préfecture via nos connexions internet, demander de l’aide pour la traduction en français de papiers administratifs, utiliser les toilettes quand on est privé de logement… le Pass sanitaire est discriminant car il exclut de fait les publics les plus précaires, souvent éloignés de la vaccination, et privés ainsi de l’accès à la culture et aux services de premières nécessités. Il est aussi antisocial, il amplifie la fracture numérique et est en complète contradiction avec nos missions de lecture publique. Mes collègues et moi-même refusons de participer à cette politique de rejet, d’exclusion». La bibliothécaire ajoute qu’il existe des bibliothèque «exemptées de Pass sanitaire : la BNF, la BPI, les BU, celles de chercheurs. Cette inégalité de traitement est inadmissible».

Le communiqué du mouvement est tout aussi clair : «Un service public, par définition, se doit d’accueillir l’ensemble de la population sans distinction et cette valeur nous la défendons avec force, particulièrement dans les bibliothèques. Concrètement depuis le mardi 10 août il nous est imposé d’exclure des usagers de nos équipements, il s’agit d’une discrimination de l’accès au service public, ceci est d’autant plus criant pour les publics les plus précaires, souvent éloignés de la vaccination».

Ce mouvement est un exemple à suivre. À Nantes, la mairie socialiste a carrément embauché des vigiles pour contrôler les entrées et sorties des bibliothèques. La colère contre cette mesure liberticide est puissante dans de nombreux secteurs, mais peine à trouver un moyen d’expression : la plupart du temps, la gauche et les syndicats sont aux abonnés absents. Les bibliothécaire en lutte seront-ils suivis ? Espérons-le. La désobéissance, la grève et le boycott seront les meilleures armes pour bloquer le projet de dictature numérique.

En attendant, un préavis de grève illimitée est déposée à Grenoble. Mais le mouvement a un impact financier, et créer un rapport de force avec la mairie est difficile. D’autant plus que la direction agite la menace de sanctions. «Le meilleur soutien à nous apporter c’est relayer notre lutte, et celles des autres bibliothèques en grève dans plusieurs villes de France».


Plus d’infos : Bibliothécaires de Grenoble en lutte

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