Des dizaines d’actions ont eu lieu dans toute la France ce samedi
Le 17 novembre 2018, brusquement, un surgissement faisait voler en éclats le réel. Personne n’avait vu venir cet événement politique ni imaginé sa puissance. La France invisible débarquait en jaune fluorescent sur les ronds-points, le long des voies, sur les péages, et jusqu’au cœur des métropoles. Elle partageait une colère sourde contre la vie chère, les fins de mois difficiles, l’injustice sociale, l’injustice fiscale et le mépris des gouvernements. Par ses pratiques offensives et diverses, son imprévisibilité, son organisation horizontale, l’onde insurrectionnelle terrifiait le pouvoir, le faisait même vaciller. Les Gilets Jaunes ne sont alors matés que par une répression militarisée, des mutilations par dizaines et des milliers d’arrestations.
Ce samedi 16 octobre 2021 nous serions au 160ème acte de cette mobilisation sans précédent. Seule la pandémie a suspendu pour de bon le grondement persistant. Mais la réalité de l’injustice sociale et fiscale, cette guerre sociale des possédants contre le reste de la population n’a fait que s’accentuer de façon exponentielle. Attaques liberticides, destruction du système de santé, du code du travail, prix des denrées de bases : tout est pire qu’en novembre 2018.
Pendant la «trêve» permise par le Covid, le gouvernement a commandé et préparé tout un arsenal de guerre, bien conscient d’un potentiel retour de révolte, notamment en Gilets Jaunes ou pas. Tout en démembrement méthodiquement les biens communs. L’épisode épidémique aura démontré que les Gilets Jaunes avaient raison. L’expression de la colère et de la rage accumulée montant de toute part est désormais de nouveau visible.
Ce samedi, après quelques jours seulement d’organisation sur les réseaux sociaux, des dizaines de ronds-points sont réoccupés, une gare a été envahie, un périphérique bloqué, des manifestations ont eu lieu. Ce n’est pas le grand retour, comme lors de l’Acte 1, mais ce réveil est loin d’être insignifiant dans la période. Les sans voix de la démocratie prise en otage dans un jeu truqué vont s’exprimer de plus en plus fort, en cette période préélectorale.
Au point culminant de l’acte 3, nous avons éprouvé dans nos corps la puissance collective : celle de se rendre ingouvernables. Celles et ceux qui l’ont senti ne l’oublieront jamais. Le pouvoir est illégitime. Il gouverne sur un volcan.
Image : la banderole parisienne ce samedi