
Le pouvoir ose tout, y compris récupérer des célébrités décédées, qu’il aurait réprimé si elles étaient vivantes. Le ministre de l’Intérieur d’extrême droite, Gérald Darmanin, s’est amusé à tweeter les paroles d’une chanson de Georges Brassens : « Le r’présentant d’la loi vint, d’un pas débonnaire. Sitôt qu’il m’aperçut il s’écria : ‘Tonnerre ! On est en plein hiver et si vous vous geliez !’ » Problème : Brassens était un chanteur connu pour son mépris des uniformes et pour ses idées anarchistes.
On connaît la célèbre chanson « Hécatombe », dans laquelle Brassens se réjouit du passage à tabac de policiers : «Dès qu’il s’agit d’rosser les cognes, Tout l’monde se réconcilie […] en voyant ces braves pandores être à deux doigts de succomber, moi, j’bichais, car je les adore, Sous la forme de macchabées».
Brassens a aussi publié des articles d’une rare violence contre la police lorsqu’il écrivait pour le journal anarchiste Le Libertaire :
«Nul ne saurait décemment tenir rigueur à des gendarmes de leur tendance à vouloir vivre en bonne intelligence avec la bêtise», 1946.
«Un flic n’est qu’un flic, si abject soit-il… Et nous n’ignorons pas qu’en dépit de son trépas des milliers d’autres flics continuent malheureusement à vivre et à empuantir le pauvre monde», 1946.
«Au plus fort de l’émeute, deux membres du gouvernement passèrent leurs têtes de porc à la fenêtre de la Présidence et exhortèrent les vaillants révoltés à se pacifier et à se laisser exterminer par la racaille policière», 1946.
Des mots doux qui seraient aujourd’hui dénoncés en boucle sur Cnews et par les syndicats policiers, et vaudraient certainement au chanteur une plainte du gouvernement. À l’époque, Brassens militait à la Fédération Anarchiste. Autre chose que l’Action Française de Darmanin !
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