Poitou : 3000 personnes agissent contre l’accaparement de l’eau


Tracteurs, lacrymogènes, et action réussie contre les « mégabassines »


Pendant que les puissants du monde se pavanent en Écosse lors d’un sommet factice sur le climat, des actions concrètes pour défendre le vivant ont lieu partout. Ce samedi 6 novembre, ça se passait dans la commune de Mauzé-sur-le-Mignon, dans le Poitou.

Là-bas, l’agriculture intensive veut faire main basse sur un bien commun : l’eau. Pour irriguer des exploitations ultra-productivistes, les exploitants creusent des «méga-bassines», des étangs artificiels pour capter les ressources en eau, notamment dans la nappe phréatique. Des installations souvent illégales, qui mettent en danger les petits paysans et l’écosystème. Dans le Poitou, la mobilisation s’organise depuis des semaines, des actions ont déjà eu lieu, et l’État intimide déjà les opposants avec notamment des interpellations.

Ce samedi 6 novembre, plus de 3000 personnes et 20 tracteurs se sont retrouvés à Mauzé-sur-le-Mignon pour donner un coup d’arrêt aux chantiers. Une réussite numérique, car la préfecture avait voulu interdire le rassemblement, et le lobby de l’agro-industrie, la FNSEA, avait organisé un contre-rassemblement.

La place de la mairie a été occupée par une foule diverse, avant le départ d’un défilé qui a constaté l’assèchement de la rivière locale : le Mignon. Une situation qui deviendrait permanente si les projets de bassines voient le jour. Le site des «méga-bassines» a été envahi malgré le dispositif composé de canons à eau et de barrières autour de la zone, et des gendarmes qui ont tiré des grenades lacrymogènes et donné des coups. Par grappes, des morceaux de cortèges ont traversé des talus ou des ruisseaux pour atteindre l’objectif et dépasser le dispositif de répression.

Une bassine illégale a été atteinte, et la pompe qui puisait directement dans la nappe phréatique a été démontée par des paysans et paysannes et emmenée. Une fois la foule montée sur le talus de la bassine, un débâchage a été effectué pour la mettre hors d’état de nuire. La bassine a ainsi été vidée et l’eau rendue à la nappe.

Le porte-parole de la Confédération paysanne, estime que c’est « une pleine et éclatante victoire, une démonstration de force que nous sommes un mouvement populaire, nombreux à nous battre pour un territoire dynamique et un projet de société juste socialement et écologiquement ». Cette offensive assumée par diverses composantes du mouvement, paysans, écologistes, protecteurs de la faune, autonomes, rappelle ce qui avait fait la force de la mobilisation victorieuse à Notre-Dame-des-Landes. Et ce n’est qu’un début. Les opposants et opposantes promettent de revenir, et semblent bien décidés à empêcher la captation de l’eau par quelques gros exploitants productivistes.


Plus d’infos sur le site des soulèvements de la terre

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