Nantes : animateurs et animatrices en lutte


Sous effectif, mépris, mise en danger des enfants : le secteur de l’animation tire la sonnette d’alarme


« C’est notre métier qui est en souffrance. Personnellement j’aime mon travail avec les petites sections, mais je ne suis plus en capacité de les accueillir dans des conditions pérennes et je le déplore fortement. » C’est le constat amer d’une animatrice périscolaire qui a décidé d’arrêter le travail ce mercredi 10 novembre à Nantes.

Une goutte de trop hier : 7 collègues sont annoncés absents sur 20 prévus sur le site du quartier Saint-Félix. La principale structure qui gère l’accueil périscolaire à Nantes s’appelle l’Accoord – Association pour la réalisation d’activités éducatives, sociales et culturelles de la ville de Nantes –, conventionnée par la mairie. Elle gère 29 centres de loisirs enfance, 17 espaces d’animation pour adolescents, des centres socioculturels…

Au sein de cette structure, les animatrices et animateurs alertent depuis un moment sur le manque de personnel, en particulier pour les enfants en situation de handicap C’est au centre de Saint-Félix que la lutte éclate. Concrètement, les travailleurs et travailleuses ne peuvent plus remplir leurs missions de façon sécurisée : « les collègues de maternelles doivent chaque matin traverser des routes pour prendre le car, avec des petits bouts. Traverser un boulevard avec 36 jeunes pour 2 anim’ ».

Le sous-effectif touche tous les groupes. « Nous étions en situation de danger imminent, nous empêchant de garantir l’intégrité physique, morale, et affective des jeunes ». Sans parler des statuts précaires et des salaires de misère. L’idée d’un droit de retrait émerge, des affiches sont placardées.

Le chef de la direction arrive, et refuse l’arrêt de travail spontané tant qu’il ne sera pas confirmé par un syndicat. Mais la structure n’a laissé aucune place aux affichages syndicaux, pourtant réglementaires ! « Nous n’avions aucun outils, mais à quoi bon former sur leurs droits des personnes qui seulement titulaires d’un BAFA ne sont pas censées être en possession d’un CDI ».

La direction menace de sanction, et oblige le personnel à recevoir les enfants. La direction fait venir en urgence des personnes venues d’autres centres en renfort. Le chantage affectif fait plier une animatrice : « Mais pensez aux enfants ! La priorité c’est l’accueil, la vous n’avez plus de raison d’user du droit de retrait »

L’équipe a donc adressé une lettre à la direction de l’Accoord, et promet de ne « rien lâcher ». « Il était temps qu’on revendique nos conditions de travail. Même si on est fatigués, on fait au mieux pour que les enfants se sentent bien et on y arrive, mais à quel prix ? » explique-t-on. « Notre métier meurt. Métier qu’on aime. Et parce qu’on l’aime, on veut bien le faire. Mais pour ça nous avons besoin de moyens, humain, financiers. »

Dans l’animation comme dans le reste des secteurs sociaux et éducatifs essentiels, les logiques de rentabilité sèment le mal-être et mettent en danger les usagers et usagères comme le personnel. Affaire à suivre.

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