14-18, fusillés pour l’exemple : la terreur militariste


Morts par la France : plus de 600 exécutions pour «désobéissance», dont 11 soldats de Loire-Inférieure


Il s’appelle Louis Julien Le Madec, né à Nantes. Incorporé parmi les soldats envoyés au front, à l’été 1914. Fusillé dès le mois d’octobre, après seulement trois mois de guerre. Il est condamné pour avoir refusé de saluer un supérieur et s’en être pris à une sentinelle. Il est considéré comme un élément dangereux et fusillé par ses propres camarades, pour semer la terreur.

Ce nantais fait partie des 918 soldats français recensés exécutés entre 1914 et 1918. 612 furent assassinés pour désobéissance militaire. Plus de 2000 ont été condamnés à des travaux forcés. Ce qui fait de l’armée française celle qui a le plus fusillé ses propres soldats avec l’armée italienne, loin devant l’Allemagne et les pays anglo-saxons. Ils ont refusé de se battre ou contesté leur hiérarchie, ils ont été tués pour cela.

En 1917 des mutineries éclatent dans les tranchées, après trois ans de massacres absurdes. Pourtant, la majorité n’ont pas été tués à ce moment là, mais dès le début de la guerre. En 1914, il faut tenir la troupe, faire taire les indociles. 22 tirailleurs algériens et tunisiens sont ainsi passés par les armes, en septembre et décembre 1914.

Le bilan officiel ne compte pas les exécutions sommaires, celles qui ont eu lieu sans jugement. Des soldats, tétanisés par la peur, étaient exécutés pour abandon face à l’ennemi. Et si la France fusille plus que les autres pays, c’est que l’état major est particulièrement médiocre et sanguinaire, sacrifiant d’innombrables vies pour des offensives sans aucun espoir. À l’image du Général Nivelle, le « boucher de Verdun », qui a le sang de centaines milliers de soldats sur les mains, pour quelques mètres de terrain.

En Loire-Inférieure, l’ancien nom de la Loire-Atlantique, 11 soldats venus du département ont été exécutés par l’armée française pendant la Première Guerre mondiale. Armand Juin avait 29 ans et Joseph Bertin 25 quand ils ont trouvé la mort, le 5 juin 1916, sous des balles françaises. Ils étaient nés à Montoir et Nozay. «Ils ont refusé d’obéir à la hiérarchie militaire pendant la bataille de Verdun car ils ont compris qu’on les envoyait à la mort. Ils ont été condamnés pour révolte».

Un collectif se bat pour leur réhabilitation, le «Collectif pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple». Pour l’instant, aucun président n’a eu le courage de reconnaître ces crimes d’État et de rendre hommage à ces morts. Les Généraux qui ont supervisé la boucherie de 14-18, eux, sont toujours honorés par la République.

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