«La mort n’éblouit pas les yeux des partisans» : Missak Manouchian, arrêté le 16 novembre 1943


Histoire : 23 résistants des FTP-MOI traqués par la police française


Nous sommes au mois de novembre 1943, il y a 78 ans. La France est occupée par l’armée nazie, les autorités française collaborent, et celles et ceux qui résistent sont une infime minorité. Parmi eux, des immigrés communistes. Le 16 novembre 1943, les services de renseignement français arrêtent Missak Manouchian, résistant, et 22 de ses camarades. Manouchian est rescapé du génocide arménien, militant, et poète. Ce jour là, la police française fait tomber le réseau parisien des FTP-MOI : les « Francs Tireurs Partisans – Main d’Oeuvre Immigrée ».

Il s’agit d’un groupe de résistants antifascistes essentiellement composés d’étrangers. A l’origine, les MOI sont des réseaux syndicaux composés de travailleurs étrangers en France. Le patronat exploite durement les immigrés, et gère même une « société générale d’immigration » qui recrute des milliers les travailleurs et travailleuses nécessaires à la reconstruction dans les années 1920. Italiens, Polonais, Espagnols, Roumains … Ils subissent la double peine : des conditions de travail difficiles et une violente xénophobie. C’est ainsi qu’au sein du syndicalisme, se créent des sections MOI. Dans les années 1930, certains de ses militants partent combattre le fascisme au sein des brigades internationales pendant la guerre d’Espagne. Puis, les MOI s’engagent dans la résistance, alors que l’immense majorité des français se soumettent à la barbarie nazie, et acclament le Maréchal Pétain.

Les FTP-MOI se spécialisent dans la lutte armée, dans les actions de guérilla urbaine. Ils organisent des attentats contre les usines, les trains mais également contre les officiers allemands. Parmi leurs nombreux faits d’armes : des attaques du siège du parti fasciste italien, de casernes militaires, l’exécution d’un général SS en pleine rue à Paris …

Après leur arrestation, les 23 résistants sont torturés. Ils ne parlent pas. La compagne de Missak Manouchian, Mélinée, parvint à échapper au coup de filet. Mais Olga Bancic, émigrée juive roumaine est prise, torturée, et sera décapitée. Les femmes sont très présentes au sein des FTP MOI et de la Résistance.

L’occupant nazi utilise le procès de ces résistants pour faire de la propagande : une affiche est produite, avec les photos et les noms de 10 résistants sur fond rouge, présentés comme étant « l’armée du crime ». L’affiche souligne leurs noms à consonance étrangère, leur éventuelle judéité, leurs origines, afin de frapper l’opinion, et attiser le racisme contre les condamnés. Cette « affiche rouge » aura l’effet inverse : elle en fait des martyrs. Lors de leur exécution le 21 février 1944, la plupart des membres du groupe refusent qu’on leur bande les yeux. Dans sa dernière lettre, Manouchian écrit : « Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit. »

Nous sommes en 2021. Un pétainiste soutenu par les médias et des essaims de néo-fascistes tiennent le haut du pavé en France. Les étrangers sont déshumanisés et traqués. L’Etat policier règne. Les héritiers de ceux qui ont fusillé les FTP passent tous les jours à la télévision ! Alors si vous doutez, si vous détournez le regard, si vous perdez courage, vous trouverez peut-être, dans l’histoire de Manouchian et de ses camarades, la force nécessaire. Que leur cause soit immortelle.


Que leur sacrifice ne soit jamais oublié


AIDEZ CONTRE ATTAQUE

Depuis 2012, nous vous offrons une information de qualité, libre et gratuite. Pour continuer ce travail essentiel nous avons besoin de votre aide.

Faites un don à Contre Attaque, chaque euro compte.