Lacrymos et balles réelles : 3 morts et 15 blessés dont plusieurs graves
Une colonne de l’armée française destinée à alimenter les bases du Sahel est partie il y a deux semaines de Côte d’Ivoire pour rejoindre Gao au Mali. Le convoi de 90 camions passait par le Burkina Faso et le Niger, dans le cadre du déploiement militaire français en Afrique de l’Ouest.
Sur la route, les soldats ont fait face aux résistances locales. Chez les populations, l’exaspération est forte, notamment chez la jeunesse. Les troupes françaises sont une véritable force d’occupation qui veille aux intérêts de l’État dans la région. Au Burkina Faso, le trajet de la caravane militaire a été bloqué à de nombreuses reprises par les manifestations. Des barrages ont mis parfois l’avancée du convoi à l’arrêt.
Samedi 27 novembre, c’est dans la région de Tillabéri au Niger que des barricades ont été érigées dans la ville de Tera. Face aux blindés et aux soldats suréquipés, des Nigériens qui jetaient des cailloux et mettaient des débris en travers de la route. Une confrontation complètement disproportionnée. C’est pendant la manifestation que l’armée française a ouvert le feu sur une foule désarmée.
Les images diffusées par l’armée française sont révélatrices : elles montrent l’usage combiné d’armes policières et d’armes de guerre. Pour réprimer les manifestants, les soldats français tirent des grenades lacrymogènes ou explosives avec des lanceurs cougar, les mêmes utilisés par la police en France contre les manifestants. Mais les soldats ont aussi des fusils d’assaut, qu’ils ont manifestement utilisés, en complément. «Ils ont tiré sur nous» dit un témoin. Et le bilan est lourd. Au moins trois nigériens auraient été tués. On parle d’un crime commis par une armée régulière lors d’une opération à l’étranger sur des populations civiles. Des faits qui sont extrêmement graves. Cet événement démontre aussi l’hybridation entre une opération militaire et policière.
En France, c’est l’omerta généralisée, un silence assourdissant insupportable. Les rares récits relatés dans la presse parlent «d’incidents» et de «heurts». Aucune enquête n’a été ouverte par les autorités françaises. Le gouvernement et les médias essayeraient-ils de cacher un nouveau scandale d’État ? Pourtant quelques jours plutôt, les militaires avaient déjà tiré sur une manifestation burkinabaise faisant plusieurs blessés. L’armée d’occupation ne supporte plus que les peuples du Sahel contestent sa présence. Et le fait savoir par un feu nourri.
La lutte contre l’ordre néocolonial en Afrique n’est pas prête de s’éteindre.
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