Serbie : première victoire populaire contre un projet minier écovidaire


Bonne nouvelle : contre les destructeurs de l’environnement, la lutte paie


En Serbie, dans la vallée du Jadar, il y a des paysages dévastés. Des villages en ruine, terres inondées et polluées, des champs noyés par des lacs artificiels. Les expropriations menées par la multinationale minière «Rio Tinto» ont commencé à dévorer la terre. Au total, ce sont 300 km² de terres, vingt-deux villages et près de 20.000 habitants qui devaient être touchés par une gigantesque mine d’extraction du lithium : un minerai, présent dans des eaux souterraines qui servent notamment au batteries de voitures électriques.

Le projet visait une production annuelle de 58 000 tonnes de carbonate de lithium, 160 000 tonnes d’acide borique, 255.000 tonnes de sulfate de sodium… La multinationale anglo-australienne estime qu’il y a là, en Serbie, 10% des réserves de lithium de la planète.

Depuis des semaines, la population se mobilise en masse contre la destruction de l’environnement par l’extraction du lithium. Le gouvernement serbe prévoyait une nouvelle loi d’expropriation pour permettre la généralisation des concessions minières. Manifestations géantes, blocages, occupation d’une autoroute, la réponse populaire a été rapide et puissante.

Dans la ville de Sabac au nord-ouest, des hooligans proches du régime, armés de bâtons et de marteaux, ont attaqué les manifestants, l’un d’eux fonçant même dans la foule au volant d’une pelleteuse. Des techniques de terreur mafieuse. Mais plutôt que de céder, le «soulèvement écologique» avait appél à une «radicalisation du mouvement». Un manifestant expliquait : «On veut prendre au paysan le peu qu’il a pour survivre !». L’agriculture est en effet gravement menacée dans la région par le projet minier.

Jeudi 23 décembre, la direction de l’entreprise Rio Tinto a mis a annoncé la suspension du chantier aux conséquences environnementales dévastatrices. À quelques mois des élections générales – présidentielle, parlementaires et municipales – du 3 avril 2022, la classe politique ne pouvait pas tenir tête à un mouvement de défense du territoire de plus en plus massif. C’est donc une victoire de la lutte. Seules les mobilisations de terrain font reculer les projets écocidaires, à Notre-Dame-des-Landes comme dans la vallée de Jadar. Mais en Serbie, pour l’instant, il ne s’agit que d’une «suspension du projet», pas encore d’une annulation. La vigilance reste donc de mise.

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