29 Décembre 2018 : Adrien frôle la mort après un tir policier dans la tête


Trois ans après cette tentative d’homicide, la justice n’est pas rendue


C’était il y a 3 ans jour pour jour à Nantes. Souvenir terrible. Le 29 décembre, des milliers de Gilets Jaunes descendent de nouveau dans la rue. C’est une grosse manifestation, surtout pour une période de fêtes. Devant la Préfecture, la police a carte blanche pour casser la mobilisation le plus vite possible. Nombreux tirs de grenades lacrymogènes. La foule recule. Les agents de la BAC tirent des balles en caoutchouc sur des personnes qui s’éloignent et leur tournent le dos. Des tirs par derrière, sur une foule en fuite, Cours des 50 Otages.

Adrien, 22 ans, venu de Saint-Nazaire, s’effondre. Une balle lui a frappé l’arrière du crâne avec une violence inouïe. Marre de sang sur l’asphalte. Les CRS s’empressent de charger, très violemment, pour éloigner les témoins. Le blessé, inconscient, est frappé au sol à coups de matraque. Une personne venue porter secours est arrêtée. Fracture du crâne, hémorragie cérébrale, fracture de l’orbite, de la mâchoire droite… Adrien tombe dans le coma. La flaque de sang est si terrifiante qu’un bruit se met à courir : la police a tué un Gilet Jaune. Ce n’est heureusement pas le cas, mais il frôle alors la mort. Des pompiers, dépêchés sur place, s’empressent de faire disparaître la tâche rouge du boulevard.

Adrien passera 5 jours en réanimation. Il participait pour la deuxième fois de sa vie à une manifestation. Il ne représentait aucun danger, la police a tiré pour l’exemple. Un agent cagoulé a tranquillement ajusté le tir de son arme à hauteur de sa tête, et pressé sur la détente. «Dites-moi où est l’honneur quand on frappe en pleine tête, de dos, un jeune à terre ? Expliquez-moi pourquoi lorsqu’il gisait à terre, dans son sang, inconscient, secoué par des convulsions provoquées par le choc et la fracture crânienne, on continuait à le battre ?» se demandait sa belle-mère.

Trois ans plus tard, Adrien garde de graves séquelles. Il avait expliqué en 2020 : «Ce qui me manque ? Un bout de crâne. Je vais de moins en moins bien. Avant, j’avais une vie un peu tranquille. Maintenant, je ne ne dors plus, je fais des crises épileptiques».

À la fin de l’année 2018, alors qu’un espoir de changement social était porté par l’onde de révolte des Gilets Jaunes, l’État français a poussé le curseur de la violence loin dans la sauvagerie. Des milliers de blessés, des milliers d’arrestations, des dizaines de personnes mutilées à vie. Cela fait trois ans, Adrien et sa famille attendent toujours justice. Comme toutes les «gueules cassées» de la répression. Comme tous les mutilés pour l’exemple.


L’article de Nantes Révoltée au moment des faits :

Conférence de presse un an après, impunité totale : https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/gilets-jaunes-blesses-nantes-rien-ne-sort-6649671

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