Nantes, 29 décembre : trêve des confiseurs et répression sauvage


Alors que des dizaines de personnes ont été défigurées par des tirs policiers ces dernières semaines, dans le cadre du mouvement des Gilets Jaunes, le gouvernement met les grands moyens pour offrir une nouvelle panoplie aux CRS.


Les journalistes aiment appeler la période située entre Noël et le Réveillon «la trêve des confiseurs». Durant ces quelques jours, traditionnellement, il ne se passe rien. Le mouvement des Gilets Jaunes a encore fait mentir les certitudes. Des milliers de personnes ont encore pris les rues dans tout le pays contre le régime en place et multiplié les actions.

Malgré la période. Malgré la répression. Malgré les mensonges des médias qui, depuis 7 semaines, à chaque échéance, répètent que le mouvement est fini. Malgré le gouvernement, enferré dans un cycle de mensonges éhontés, qui annonce 12.000 manifestants en France, alors qu’il suffit d’additionner les estimations de 4 grandes villes de l’ouest pour en compter d’avantage.

Plus les représentants du pouvoir disent que le mouvement s’essouffle, plus il s’acharne à continuer.

À Nantes, il y avait 2000 personnes dans les rues, au plus fort de la journée. Beaucoup de monde pour un interlude, deux jours avant 2019. La semaine passée, la préfecture avait été assiégée avec des échelles. Pour se venger de l’affront, l’État avait aligné beaucoup plus de forces de l’ordre et même un hélicoptère. Avec la consigne de frapper fort. C’est donc un cortège désordonné, confus, qui a d’abord défilé le matin dans la ville puis erré toute l’après-midi dans ce qui constitue une grande nasse le long du Cours des 50 Otages. Sous un déluge de grenades.

Par moment, des petits groupes ont déjoué le piège. Un cortège a réussi à s’échapper, pour manifester au pas de course dans les quartiers protégés. Des gilets jaunes téméraires ont tenté de «briser le cordon» qui encadrait la manifestation. Coups de matraques contre coups de poings dans les visières, suivi d’une charge très violente et d’arrestations.

Dans l’ensemble, ce défilé était très calme, et même passif, alors que la sauvagerie répressive atteignait des sommets. La disproportion entre cette foule dispersée le long du Cours et la violence déployée contre elle était criante. Charges de la BAC, interpellations d’une grande violence sur des groupes statiques qui discutent, rafales de munitions en tout genre. Une véritable partie de chasse contre des proies sans défense.

Cette violence systématique a fait monter la tension au fil des heures. Jusqu’au drame. Après 17h, lors d’une énième charge, un jeune homme s’effondre, foudroyé par un tir de balle en caoutchouc en plein visage. Gisant dans une marre de sang. La police chargeait à nouveau pour éloigner les témoins gênants. Un peu plus tôt, un autre homme avait été évacué après avoir été blessé à la tête. Immédiatement après l’évacuation du blessé, un pompier sortait sa lance à eau, pour faire disparaître les traces. Restait une flaque de sang dilué dans l’eau, dans le caniveau. D’un même geste, le pompier ira éteindre une poubelle en flamme à côté. Faire disparaître le sang, éteindre le feu.

La grande violence de cette scène et les rumeurs les plus alarmantes donneront la rage aux derniers manifestants, qui partiront en défilé sauvage et incontrôlable, beaucoup plus énergique, avec une grande barricade en feu rue Paul Bellamy. De nombreuses grenades explosives, très dangereuses, seront alors envoyées.

Au même moment, quelques manifestants partis vers le CHU en solidarité reçoivent des grenades lacrymogènes. Tout le monde est dispersé aux alentours de 18h. Les blessés sont innombrables. Au moins 14 personnes ont été arrêtées.

La manifestation aura duré plus de 7 heures.

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