Le Sénat a lancé une «commission d’enquête sur l’influence croissante des cabinets de conseil au sein de l’État». L’occasion, pour les sénateurs, d’auditionner des experts de ces questions, des élus, des associations, mais aussi des représentants de cabinets privés.
Cette commission révèle une privatisation de fond de l’appareil d’État dans son ensemble, avec un recours généralisé à «l’externalisation privée». En clair : on arrose des entreprises privées avec de l’argent public pour effectuer, cher et mal, des missions qui auraient pu être réalisées par le public. Par exemple, la gestion de la crise sanitaire et de la vaccination confiée à l’entreprise américaine McKinsey, la prise de rendez-vous pour les piqures par Doctolib, les données de santé hébergées par Microsoft, des vigiles privés pour contrôler les Pass dans les hôpitaux, la communication d’un service public confiée à un cabinet privé…
L’externalisation représente aujourd’hui plus de 160 milliards d’euros. C’est l’équivalent du quart du budget de l’État ! Autant dire que ces sommes colossales versées à des cabinets comme Mac Kinsey représentent beaucoup plus que ce qu’il faudrait pour garantir des retraites décentes pour toustes, un vrai accès à la santé et à l’éducation gratuites, entre autre choses.
Alors pourquoi engloutir des sommes aussi astronomiques pour des cabinets privés ? Parce que c’est obligatoire ! Le collectif «Nos services publics», composé d’agents de l’État, alerte sur ce phénomène : quand l’État donne un budget à une collectivité ou un service public, il ne l’autorise pas à dépenser comme il le souhaite : «Nous avons fréquemment l’interdiction de recruter», car l’État «plafonne» le budget destiné au public et en réserve à des cabinets privés. «C’est un constat clef de notre pratique de l’État : le recours à l’externalisation est plus souvent une contrainte qu’un choix stratégique. Il est plus facile d’externaliser que de recruter un fonctionnaire, même si cela coûte plus cher.»
Résultat : le service public est « sous-traité » au privé partout. Et tout ça pour des résultats catastrophiques. Un responsable de McKinsey expliquait par exemple devant la commission du Sénat qu’il avait facturé plus de 500 000€ à l’État pour préparer un séminaire sur «les évolutions du marché de l’enseignant», oubliant que dans notre pays l’éducation n’est pas sensée être un marché. Sans être simplement capable d’expliquer aux élus ce que contenait le rapport qu’il était sensé avoir rédigé à ce prix ! Sous prétexte de «maîtrise de budget» et de «réduction des dépenses», c’est exactement l’inverse qui se produit : l’argent public coule à foison pour des consultants privés totalement incompétents et même nocifs.
Le collectif «Nos services publics» explique : «L’externalisation entraîne une perte de savoir-faire des services publics. On devient incapables de faire seuls. Même en situation de crise». On l’a vu avec la pandémie : une gestion calamiteuse qui a coûté des vies. Même chose avec la Poste ou les trains, toujours plus cher et toujours moins efficace à mesure que la privatisation avance.
Le néolibéralisme est un dogme irrationnel et dangereux. Il n’est bénéfiques que pour les ultra-riches. L’État français est aux mains de managers arrogants et opportunistes qui arrosent leurs amis issus d’entreprises privées. C’est un hold-up massif, qui ne s’arrêtera pas seul.
Source : https://twitter.com/nosservicespub/status/1490988964236378112