Existe-il une seule journée de l’année ou les forces de l’ordre sauraient se tenir « sage » ?

Nouvelles révélations sur des affaires de violence avec arme par des agents assermentés de l’État. Les deux hommes étaient hors service. L’un est gendarme, l’autre policier. Une troisième affaire d’impunité.
Un gendarme menace des passants avec un couteau
Les faits se sont déroulés dans la Vème arrondissement de Paris. Dans la nuit de dimanche à lundi, vers 3 heures du matin, un gendarme ivre mort est interpellé. Il fait partie de la Garde républicaine. Ce corps de la gendarmerie nationale assure des missions d’honneur et de sécurité pour les plus hautes autorités de l’État. Ce sont les militaires habillés en costumes de l’Empire qu’on retrouve dans les recoins du palais présidentiel.
L’homme, dans un état d’ébriété avancé – plus de 1,20mg d’alcool par litre d’air expiré selon l’article du Parisien – menaçait les passant-es armé d’un couteau. Par chance, le vigile d’un pub interviendra pour mettre fin à la terreur ambiante et avant l’arrivée des policiers.
Lors de son arrestation, le militaire vocifère menaces et insultes : “Fils de pute”, “allez tous crever” entre autres. Il finira par être embarqué. Après avoir fait un passage par la cellule de dégrisement il est mis en garde à vue pour « exhibition de couteau sur la voie publique ». Sans qualification de menace, ni de violence. On remarquera l’extrême clémence des officiers de police judiciaire. A priori, le jeune gendarme risquerait d’être exclu par sa hiérarchie. Du conditionnel donc.
Il dégaine pour un chien sans laisse
L’histoire a lieu en Avril 2021 pour une dispute anodine autour de chiens non tenus en laisse. Stéphanie, infirmière se balade tranquillement avec sa fille de 11 ans et deux autres enfants. Elle promène ses chiennes aux abords du lac de La Bonneville-sur-Iton. À quelques centaines de mètres, elle repère une autre famille accompagnée elle aussi d’un canidé.
À un moment, l’une de ses chiennes lui échappe et va titiller un «american staffordshire», qui se trouve être le chien d’un policier hors service. Une altercation va éclater entre Stéphanie et le propriétaire. L’homme commence à être de plus en plus véhément. Un autre promeneur tente de raisonner le policier haineux mais rien à faire. Il perd les pédales. Il sort son flingue et sa carte de police nationale, et menace de son arme le petit groupe.
Le soir, une fois rentrée l’infirmière décide de se rendre à la gendarmerie de Conches-en-Ouche. La gendarme qui l’accueille lui déconseille carrément de porter plainte. Ce n’est que plus tard qu’une plainte sera déposé au commissariat d’Evreux, où son agresseur à travaillé dans le passé. Stéphanie apprend au fur et à mesure du temps que Jordan G., le gardien de la paix en question se traîne une réputation sulfureuse. Un gendarme de Conches lui avoue même que ce fonctionnaire n’en est pas à son coup d’essai. Le policier « avait déjà sorti son arme de service lors d’une kermesse scolaire. » Un aveux terriblement inquiétant.
Depuis, une enquête de la police des polices a été instruite sans qu’aucune sanction ne soit prise à l’encontre de Jordan G. Dans l’attente de son procès, il travaille toujours pour la préfecture de police. En mai 2021, quelques semaines seulement après avoir menacé de son arme de service, femme et enfants, il était décoré de « la médaille de bronze pour acte de courage et de dévouement par un arrêté signé du préfet de police de Paris, Didier Lallement. » Visiblement ses faits d’armes ne suscitent pas l’inquiétude de la hiérarchie policière. Des situations amenées à se répéter. Depuis 2015 et l’État d’urgence, Les forces de l’ordre sont autorisées à porter leurs armes de service hors de leur fonction à peu près partout.
La menace d’un avertissement pour des policiers violents
Scène de terreur le 1er décembre 2018. Des Gilets Jaunes se réfugient dans un Burger King pour échapper au déluge de grenade et au gaz toxique qui empoisonne l’air. Une compagnie de CRS débarque, et passe à tabac toutes les personnes présentes. La scène de barbarie est intégralement filmée.
On apprend cette semaine, soit trois ans plus tard qu’un commissaire de police et un commandant, mis en cause «sont menacés d’un avertissement» après leur passage lundi en conseil de discipline. Oui, «menacé d’un avertissement». Un peine de sursis avec sursis. Moins que rien. Même un enfant qui fait une bêtise est puni plus sévèrement.
La presse ajoute que «deux capitaines de police ont également comparu, et que «le premier a échappé à une proposition de sanction tandis que le blâme proposé pour le second n’a pas recueilli la majorité des votants». Rien, carrément. Les policiers et gendarmes sont déjà quasiment protégés et blanchis systématiquement lorsqu’ils exercent des violences dans le cadre de leur fonction. Mais c’est aussi le cas quand ils sont brutaux en dehors de leur travail. Avec ou sans l’uniforme, ce sont de véritables dangers publics.
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