Ukraine : la plus grande centrale nucléaire d’Europe en feu


Au milieu de la nuit, un incendie s’est déclaré sur le site de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, au sud de l’Ukraine.


La centrale de Zaporizhzhia, au sud de l'Ukraine.

L’endroit était la cible d’intenses combats entre les troupes russes et les troupes ukrainiennes. Un obus a mis le feu dans cette centrale qui compte six réacteurs et six piscines de refroidissement contenant des centaines de tonnes de combustible usé hautement radioactif. Cette immense structure nucléaire, la plus grande d’Europe, produisait 19% de l’électricité de l’Ukraine en 2020.

Selon les dernières informations, l’incendie n’aurait touché qu’un bâtiment administratif et n’aurait pas causé de dommages irréparables. Les pompiers ont pu maîtriser les flammes, après s’être fait dans un premier temps tirer dessus par des soldats. Mais rendez-vous compte : des explosifs tirés au milieu d’une centrale. Une munition qui allume un incendie à quelques dizaines de mètres de réacteurs nucléaires !

Et tout cela, quelques jours seulement après d’autres combats sur le site de Tchernobyl, hautement irradié, et toujours en maintenance constante pour surveiller le «sarcophage» qui recouvre le réacteur ayant explosé en 1986. Les militaires n’ont pas peur de tirer au milieu des industries les plus dangereuses jamais construites par l’humanité. La folie militariste nous mène au pire.

Différents organismes, notamment Greenpeace, tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs jours, estimant que «la sécurité des centrales nucléaires et notamment celle de Zaporizhzhia est sévèrement compromise par la guerre». L’organisation ajoute : «alors que le réseau électrique est actuellement perturbé dans le pays, la stabilité des réacteurs et des piscines de stockage des combustibles usés est dépendante du bon fonctionnement des systèmes de refroidissement électriques. À cela, s’ajoute le risque d’accidents graves dans les unités opérationnelles, dus à des attaques directes, à un problème sur les générateurs diesels d’urgence de refroidissement en cas de panne électrique, à des problèmes de personnel et à des problèmes techniques, ou à une combinaison de ces éléments. Les conséquences de ce conflit pourraient être désastreuses, bien au-delà de l’impact de la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011.»

Un incident dans la centrale de Zaporizhzhia, c’est l’équivalent de 10 Tchernobyl d’un seul coup.
Un expert explique : «une guerre de haute intensité se déroule dans un pays possédant de multiples réacteurs nucléaires et des milliers de tonnes de combustible usé hautement radioactif. Les manœuvres militaires autour de la centrale de Zaporizhzhia accroissent le risque d’un accident grave. Tant que cette guerre continue, la menace militaire sur les centrales nucléaires ukrainiennes demeurera.» Ce vendredi matin, les capteurs de radioactivité de la zone de Tchernobyl et de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia semblaient hors service signale le réseau Sortir du nucléaire. Pour le moment, d’autres capteurs ne montrent pas de radioactivité anormale.

Le nucléaire représente un danger absolu, et encore davantage en période de tensions géopolitiques. Comme la France, l’Ukraine est un pays fortement nucléarisé. Et si demain, par malheur, un conflit éclatait sur notre sol ? Les centrales et leurs déchets doivent être surveillés et refroidis pendant des années, et continuent d’être dangereux pendant des dizaines de milliers d’années. Qui peut prétendre certifier qu’aucune tension n’aura lieu à proximité des centrales françaises qui se trouvent sur tout le territoire, ne serait-ce que dans les 50 ans qui viennent ? Alors que Macron et plusieurs candidats à la présidentielles veulent intensifier la production nucléaire en France, le conflit ukrainien nous rappelle trois évidences pour la sauvegarde pure et simple de l’humanité :

  • Stopper la guerre au plus vite
  • Démilitariser les États au plus vite
  • Sortir du nucléaire au plus vite

Tout le reste n’est que folie.


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