Il ne fallait pas allumer la télévision ce dimanche si vous vouliez éviter la nausée. Sur les différentes chaînes d’information, en direct, le même meeting, le même discours : celui du candidat pétainiste Eric Zemmour.
Cette semaine, le candidat a proposé de déporter un million de personnes s’il était élu, à l’aide d’un «ministère de la remigration». En langage clair, il s’agit d’épuration ethnique. Cette semaine également, un néo-nazi a assassiné par balles un rugbyman à Paris, et un commando d’extrême droite était jugé pour avoir tenté de tuer deux adolescents à Nantes. Les médias n’en ont quasiment pas parlé. Enfin, à la veille du meeting, l’équipe d’Eric Zemmour a envoyé une «décharge de responsabilité» aux journalistes accrédités en cas de «blessures, accidents, vols ou dommages matériels». Du jamais vu. Une menace à peine voilée contre les journalistes. Mais tout cela n’a pas dissuadé les médias laquais d’organiser cette nouvelle promotion triomphale à Zemmour.
Ce dimanche, deux semaines avant le vote, pas moins de 4 candidats organisaient des meetings. Mélenchon qui a réuni des dizaines de milliers de personnes à Marseille, Jadot, Roussel et Zemmour. Pourtant, les «chaînes d’information» ont décidé de n’en diffuser qu’un seul. Qu’est-ce qui justifie cette promotion triomphale, alors que le candidat de l’extrême droite radicale est donné perdant au premier tour ? Rien. À part le choix idéologique des rédactions.
Plus grave encore, ces chaînes ont retransmis directement le film réalisé par l’équipe de «Reconquête». Une petite mention «images fournies par le candidat» était visible sur les écrans. En d’autres termes, il ne s’agit pas de journalisme, mais de propagande pure et simple. La propagande d’un individu condamné pour «provocation à la haine raciale» retransmise en direct et en intégralité sur les chaînes en continu, simultanément. Et cela n’a même pas empêché le candidat de faire huer et insulter les journalistes durant tout son discours. Comment les personnes qui travaillent dans ces médias font-elles pour ne pas mourir de honte ?
Les choses sont parfaitement claires. Les riches mettent tous leurs moyens et toutes leurs forces pour permettre aux idées fascistes d’accéder au 2e tour. «Plutôt Hitler que le Front Populaire». Banalisation des propos d’extrême droite, omerta sur tout ce qui pourrait contrarier leur campagne, transmission en direct de leurs meetings, boycott des meetings des autres candidats. Les médias des milliardaires ont choisi leur camp : celui du fascisme. Cette stratégie a des conséquences réelles : multiplication des agressions d’extrême droite, groupuscules qui s’arment, discours de haine, explosion du racisme.