Depuis, les riches veulent sans cesse allonger le temps passé à trimer
Le 1er avril 1983, il y a 39 ans, entrait en vigueur l’ordonnance Auroux qui instaurait la retraite à 60 ans, avec 37,5 années de cotisations. Cette conquête n’a fait que reculer ces dernières années. Aujourd’hui le bloc bourgeois, dans son apparente diversité, a décidé de s’attaquer en chœur au régime des retraites. 64 ans, 65 ans, et même 67 pour les plus audacieux – Édouard Philippe on t’oublie pas –, le personnel politique au service du capital fait de l’allongement de la durée de l’emploi l’un de ses cheval de bataille.
Si la période actuelle laisse peu de place aux thématiques sociales dans la campagne il est important de rappeler que le mouvement pour l’émancipation des classes populaires passe par la libération du temps des travailleurs et des travailleuses du joug de la productivité capitaliste. Quand on sait que le quart des plus pauvres sera mort avant d’avoir atteint l’âge de 62 et que treize ans séparent l’espérance de vie entre les plus riches et les plus modestes, les propositions de maintenir toujours davantage les gens dans la dépendance au marché de l’emploi est tout simplement une attaque de classe.
Cela apparaît d’autant plus clairement que le conseil d’orientation pour les retraites se veut particulièrement optimiste. On peut notamment souligner que la grande caisse du privé a enregistré un excédent de 2,6 milliards d’euro pour l’année 2021. Le conseil a également publié un note précisant qu’une mesure visant à repousser de deux ans l’âge de départ à la retrait entraînerait un accroissement de plus de 3 milliards d’euro des différentes prestations sociales. Il n’y a pas de déficit, aucune urgence à privatiser les retraites ni à allonger la durée de travail.
Loin des rhétoriques du pragmatisme et de la bonne gestion avancées par ceux qui veulent nous faire travailler toujours plus, ces programmes sont au contraire idéologiques : ils s’inscrivent dans l’agenda de la contre-révolution néolibérale qui, depuis plus de quarante ans, attaque toutes les formes de protection dont nous nous étions doté-es. Face à ce déferlement en faveur du capital nous devons assumer, au contraire, de vouloir toujours plus nous libérer du marché de l’emploi et de ses méfaits.