C’était le 10 décembre 2019 à Lyon, journée de grève générale contre la réforme des retraites. Arthur Naciri a 23 ans à l’époque. Il est saisonnier en tant que barman et s’apprête à rejoindre les Alpes pour un nouveau contrat. Par hasard, il va croiser la manifestation et fera la rencontre de la police lyonnaise. Il y laissera ses dents sur la matraque d’un agent de la BAC de Lyon. La scène, choquante, est filmée en intégralité. Les images sont accablantes. Les flics l’attrapent par surprise et lui fracassent littéralement le visage. Neuf de ses dents sont cassées, sa mâchoire est fracturée et sa cloison nasale déviée. Arthur est défiguré. Un déchaînement d’une violence inouïe. Un déferlement de haine symbole de la barbarie policière.
Depuis, Arthur lutte pour obtenir justice et réparation. Il a porté plainte. Deux des policiers auteurs des faits ont été identifiés. Pourtant les flics n’ont toujours pas été jugés. Pire : le procès est sans cesse reporté. Ce 1er Avril et pour la 4ème fois consécutive, le tribunal judiciaire de Lyon renvoyait l’audience à une date ultérieure. La raison invoquée : une erreur de l’administration. Un autre procès avait été planifié à la même heure et dans la même salle que celui des agents coupables du passage à tabac d’Arthur. Tout simplement incroyable.
S’agit-il de pure incompétence ou plutôt d’une complicité active de la Justice envers les agents voyous ? La question est posée. Encore plus grave et préoccupant, l’un des accompagnants des flics mis en cause intimidera la victime dans tribunal. L’homme s’approche très près du jeune homme en mettant le doigt devant sa bouche. Une menace flagrante et assumée en face des caméras de journalistes présents, pour tenter de faire taire Arthur sur les violences qu’il a subi, le décourager dans sa quête de justice. Là aussi des questionnements : qui est cet homme menaçant ? Est-il un simple proche des policiers jugés ? Un autre fonctionnaire de police ? En tout cas, les faits sont extrêmement graves.
En attendant c’est le barman qui morfle. Il n’a toujours pas pu être indemnisé. La reconstruction de sa mâchoire est totalement à ses frais. Des factures dentaires qui s’élèvent à plusieurs milliers d’euros et des souffrances physiques et morales liées à l’agression barbare qui le poursuivent encore aujourd’hui. De son côté, l’IGPN n’a jamais entendu la victime et les brutes épaisses de la BAC, elles, sont toujours sur le terrain, pouvant continuer à exercer leur violence en toute impunité.