Nantes : le policier volait des grenades, deux ados mutilés par l’explosion


Il exhibait des grenades en réunion de famille «pour épater la galerie» :
prison avec sursis et retraite anticipée


Les Compagnies d’Intervention sont des unités de polices extrêmement violentes. Créées par Sarkozy, ce sont des compagnies de maintien de l’ordre qui portent des casques avec deux bandes bleu clair. La Compagnie d’Intervention de Seine-Saint-Denis a récemment été mise en cause dans un vaste réseau de trafic de drogue, de racket et de violences. À Nantes et Rennes, ce sont des Compagnies d’intervention qui sont responsables de la plupart des mutilations dans les manifestations. Le soir de la noyade de Steve, c’était la BAC et les Compagnies d’Intervention de Nantes qui chargeaient les jeunes avec une violence inouïe au bord de la Loire.

Ce sinistre décor étant posé, un affaire qui sort aujourd’hui dans la presse, et illustre la dangerosité de ces policiers, y compris pour leur entourage proche. Les faits ont eu lieu à Rouans, près de Nantes, en 2015. Le policier mis en cause est un membre de la Compagnie d’Intervention de Nantes, entre 2005 et 2010. Il a, par exemple, participé à l’opération de maintien de l’ordre en novembre 2007, durant laquelle un lycéen de 16 ans a perdu un œil. La première mutilation de ce type par un LBD.

Ce policier donc, qui «intervenait» sur des manifestations, détenait des grenades de désencerclement et des grenades explosives à effet de souffle, classées comme armes de guerre. En toute illégalité, il gardait des grenades au domicile de sa compagne de l’époque. Il en avait exhibé lors d’une réunion de famille «pour épater la galerie».

L’enquête dit qu’il avait «pris l’habitude de faire une réserve à son domicile pour éviter d’avoir à se réapprovisionner», en toute illégalité. Pour quel usage ? Plus hallucinant encore, le policier se défend lors du procès en affirmant qu’il «n’y avait pas de comptabilité des armes» tenue par la hiérarchie policière. Open bar. Il ajoute, devant la justice : «je ne suis pas censé vous le dire, mais je n’étais pas le seul à détourner des armes pour les apporter à son domicile ». Combien de policier conservent des armes de guerre chez eux ? Dans quel but ? À qui peuvent-ils les donner ?

Ce policier nantais avait donc stocké des grenades «dans la chambre» de son ex-compagne, chez qui il ne vivait plus, et alors que cette assistante maternelle et mère de deux autres jeunes enfants «ne le savait pas». Et le drame est arrivé. L’ancien beau-fils et deux de ses amis, âgés de 15 ans, trouvent une «une grenade lacrymogène assourdissante», la fameuse GLI F4, celle qui arrache des mains et qui était posée «sur une table», accessible à tous. L’adolescent «ne savait tellement pas ce que c’est» qu’il l’a «manipulée» puis «dégoupillée», a-t-il été relaté lors de l’audience. La grenade explose, arrache 4 doigts et blesse très gravement le pouce de l’adolescent. Son ami est blessé par la détonation : il souffre de «multiples excoriations sur le visage et les bras». Et tous conservent aujourd’hui des «troubles auditifs» depuis cet accident.

À l’époque, cette affaire, gravissime et édifiante ne sort dans aucun média. Le policier passait en procès le 4 mai 2022 au tribunal de Nantes. Il a été placé en retraite anticipée depuis. Son avocate, qui porte le nom approprié de Maître Salau, a plaidé la relaxe. Le procureur s’est écrié : «je n’imagine même pas que ça soit la pagaille comme cela au commissariat de police de Nantes… Sinon, c’est la fin des haricots.» Oui. Le voleur de grenade qui a failli tuer des adolescents a seulement été condamné pour «blessures involontaires» à de la prison avec sursis.

Cette affaire, accablante de bout en bout soulève d’importantes questions. Celle évidemment de la gravité inouïe des armes de maintien de l’ordre. Mais aussi l’absence totale de traçabilité de cet arsenal potentiellement mortel. De l’usage personnel qui en est fait par des policiers connus pour leur imprégnation d’extrême droite – des groupes néo-fascistes peuvent donc avoir accès aux armes des fonctionnaires ? Et enfin celle de l’impunité ahurissante dont continuent de bénéficier tous les policiers, y compris quand ils commettent des faits indéfendable, même dans leur propre famille. Pourquoi n’y a-t-il pas eu d’investigation sur l’usage que les policiers font de ces munitions, alors que cet agent avoue publiquement que c’est une pratique courante ?


Une source : https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/rouans-des-grenades-a-la-maison-la-possibilite-d-un-drame-438c5f6a-cbe8-11ec-a788-bf4f8820766b

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