Les pires méthodes du management sont appliquées à un service public fondamental : celui de l’éducation. Le deuxième mandat de Macron commence par la destruction finale du statut d’enseignant.
La semaine dernière, l’Académie de Versailles organisait une séance de «job dating» pour remplacer les postes de prof manquants. Une file d’attente, quelques questions, et hop, un poste, et envoyé devant une classe. N’importe qui ou presque, en une demie heure d’entretien, pouvait être parachuté devant des élèves sans la moindre formation.
Dans un publi-reportage honteux de France 2 intitulé «Devenir prof en 30 minutes», un parent d’élève disait qu’il aidait ses enfants pour les devoirs, et comptait donc être prof de maths. Une mère de famille dit qu’elle veut «travailler avec des grands enfants». Un autre qu’il avait envie d’être prof parce que ça allait lui «changer de rythme». C’est bien connu, les enseignants ne foutent rien. Dans quelques mois, il regrettera probablement d’avoir dit cela. Bref, c’est la grande foire à l’emploi précaire.
Devenir enseignant, en principe c’est un BAC+5, une formation et un concours. Mais en France, le métier a été tellement dévalorisé, sous payé, humilié par le gouvernement que tout le monde déserte. 7900 postes d’enseignants ont été supprimés depuis 2017, les salaires sont bloqués, et les conditions de travail de plus en plus dégradées. Les classes dépassent maintenant les 35 élèves, il est impossible de donner cours dans ces conditions. En quelques années, les démissions ont donc explosé, le nombre de candidats au concours a baissé. Et cette année, pour la première fois, il y avait moins de candidats admissibles que de postes offerts au concours. Plutôt que de régler le problème en recrutant dans de bonnes conditions les enseignants, le gouvernement utilise la méthode ultra-libérale brutale : l’ubérisation du secteur. C’est une humiliation de plus pour les profs.
En plus de Versailles, ce sont les académies d’Amiens et de Toulouse qui organisent à leur tour un «Job dating» pour recruter des enseignants. C’est donc la fin de la fonction publique d’éducation. Il y aura une école publique avec des gens non formés envoyés devant des classes difficiles, et des écoles privées, avec des moyens et des classes en petits effectifs, réservées aux riches ou aux familles qui s’endettent.
Voilà comment commence le ministère de Pap Ndiaye, «symbole» de gauche du gouvernement. Tous les vieux rêves des lobbys néolibéraux sont réalisés : plutôt que d’augmenter les profs, le gouvernement baisse les qualifications requises pour pouvoir continuer à les payer au SMIC. Et c’est une catastrophe pour les élèves. Demain, la méthode s’étendra à tous les secteurs publics : santé, énergie…
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