USA : sacralisation des armes et recul du droit à l’avortement


La liberté fondamentale des femmes à disposer de leur corps recule brutalement


USA : le même jour, la Cour Suprême sacralise le port d'armes dans l'espace public et révoque le droit à l'avortement.

En quelques heures, la Cour suprême des États-Unis, la plus haute autorité judiciaire de la première puissance mondiale, a sacralisé le port d’armes hors du domicile et détruit le droit à l’avortement. L’alliance du flingue et du patriarcat. Ce bond en arrière brutal risque de faire interdire l’IVG dans la moitié du pays. Chaque État peut désormais revenir sur ce droit. Dans la foulée, l’État du Missouri l’interdisait, à peine la décision annoncée. Et des manifestants pro et anti-avortement se rassemblaient devant l’institution. Les États de l’Arkansas et de l’Oklahoma ont fait de même plus tard.

En même temps, la Cour Suprême a consacré le principe d’une liberté totale de porter une arme en tous lieux. Et a interdit aux États la possibilité de légiférer sur les armes à feu. Seule concession au permis de port d’arme partout : l’idée de zones sensibles comme les écoles, les assemblées, les tribunaux ou les bâtiments gouvernementaux. Alors que les tueries de masse et les morts par armes à feu ont lieu plusieurs fois par semaine aux USA et causent la mort de dizaines de milliers de personnes, cette décision signe la victoire totale du lobby des armes.

Aux USA, on casse donc la liberté des femmes au nom du «droit à la vie», mais on généralise les armes mortelles au nom de la «liberté». L’inversion des valeurs est totale. Pour rappel, la Cour Suprême est composée de personnes non élues nommées à vie par le Président. Elle n’a aucune représentativité démocratique. Pas plus que le Conseil Constitutionnel en France ou la Commission Européenne.

C’est donc un retour en arrière de près d’un demi-siècle en terme de droit des femmes. Aucun droit, aucune conquête n’est acquise pour toujours. Le fruit du combat de millions de femmes au XXème siècle est balayé par une poignée de magistrats. Plus grave encore, l’influence des USA dans le monde est énorme. Et cette décision pourrait infuser dans de nombreux pays. Alors qu’aux USA comme en France les médias parlent de « péril woke » et du danger des idées progressistes prétendument venues des USA, c’est un authentique projet réactionnaire qui impose des reculs gravissimes. L’un des membres de la Cour suprême écrivait récemment qu’il était souhaitable de revenir sur les arrêts qui protègent aujourd’hui la contraception, les relations homosexuelles et le mariage entre personnes de même sexe.

Rien ne garantit que cette autorité ne tentera pas dans un futur proche de revenir sur le droit à la contraception ou sur d’autres libertés fondamentales. Nous sommes dans une période de recul des droits et libertés à l’échelle mondiale.

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