La fresque contre la répression de la fête de la musique effacée en un temps record par la mairie de Nantes
Vendredi 24 juin à Nantes. Devant un mur officiellement dédié au graffiti, la Police Municipale s’arrête devant une fresque et prend des photos. Quelques minutes plus tard, une équipe de la mairie de Nantes débarque. Grands camions, grandes échelles. Des agents descendent en tenue orange, et sortent de grands pots de peinture beige. Leur mission ? Censurer méthodiquement l’immense fresque réalisée le jour de la fête de la musique par le collectif Black Lines. Il n’aura fallu que deux jours pour que les autorités locales fassent disparaître une peinture contre la répression. Une réactivité à couper le souffle. Liquidation totale : toute critique de la police doit disparaître de l’espace public. Tout rappel des crimes d’État à Nantes doit être éradiqué le plus vite possible.
Mardi 21 juin 2022, trois ans jour pour jour après la mort de Steve le soir d’une fête de la musique, la répression avait été totalitaire. Tous les hommages à Steve, tous les rappels de la sombre nuit du 21 juin 2019 ont été empêchés, frappés, censurés. Les amis de Steve ont été encerclés et menacés par les forces de l’ordre sur le quai même où le jeune s’était noyé, sans pouvoir se recueillir. Une fresque fleurie Place du Bouffay avait été arrachée par des agents armés, avant d’être emmenée dans un camion de la mairie de Nantes. Une banderole déployée contre la répression avait été attaquée en immédiatement par des policiers ultra-violents, qui avaient blessés plusieurs personnes et arrêté 5 manifestants. Le centre-ville entièrement sous contrôle policier. Tout doit disparaître. Jusqu’au souvenir des faits. Comment ne pas parler de dictature ?
Ce vendredi, c’est donc le dernier témoignage visible de la fête de la musique qui est censuré par la mairie de Nantes. La mairie socialiste. Celle qui prétend «soutenir le street art». Celle qui subventionne des graffeurs bien sages qui privatisent les murs. Celle qui met en place des murs «d’expression libre». Libre tant qu’ils ne disent rien. Des agents municipaux, des camions, de la peinture beige : des milliers d’euros d’argent public pour effacer un souvenir le plus vite possible.
Il faut dire que la maire de Nantes n’avait pas supporté la grande fresque en hommage à Steve sur le quai Wilson, et avait déployé des trésors d’ingéniosité pour la faire disparaître. Cette obsession de la mairie socialiste pour faire taire toute expression contestataire nous rappelle à quel point le PS est haïssable et dangereux. À quel point la NUPES et ses alliés méritent notre défiance.
Nous voulons nous exprimer dans la rue ? Des agents armés nous écrasent. Nous construisons un média indépendant ? Il est menacé de dissolution. Nous créons des fresques ? Elles sont immédiatement censurées. Le pouvoir ne supporte aucune expression. Tout est fait pour nous décourager, anéantir nos capacités de résistance. Une contre attaque à la fois politique, médiatique et artistique est pourtant vitale. Nous n’y arriverons pas sans solidarité. Rejoignez-nous, soutenez-nous.
Ce vendredi soir, des mains anonymes ont gravé à la bombe sur la grande surface beige : « L’État assassine, on n’efface pas la révolte ».