Comment Macron a “uberisé” la France ?


“Faire en sorte que la France travaille pour Uber”


Macron lève le pouce avec un air content : grâce à lui la France travaille pour Uber.

Après BlackRock, Mc Kinsey et bien d’autres multinationales, une vaste enquête montre comment Macron a bradé la France à Uber. On vous résume cette nouvelle affaire tentaculaire de façon simple :


Les journalistes la nomment «Uber files» : c’est une fuite de 124.000 documents et plus de 18 Giga Octets de données internes à Uber, l’entreprise qui gère l’application de service de transports. Parmi les documents : des e-mails, des échanges de SMS, des PowerPoint et toutes sortes de mémos qui permettent de détailler leurs méthodes. On y apprend que Macron, dès qu’il a été nommé Ministre de l’Économie, a tout fait pour aider la firme, pourtant mise en cause par la justice et le fisc. À l’époque, il est ministre du gouvernement Hollande et l’État français est plutôt hostile à Uber. Pourtant, Macron va créer toutes les conditions propices pour qu’Uber s’impose et dérégule le marché du travail.

On apprend que la firme s’est comportée comme une mafia : elle a créé une liste de lobbyistes pour séduire des responsables politiques dans tous les pays, recruté des anciens fonctionnaires et membres de gouvernements, en investissant 90 millions de dollars dans le lobbying. Uber a offert des cadeaux à des hommes politiques. Il fallait bien cela pour être accepté : le principe d’Uber est de casser les réglementations. D’abord dans le domaine des taxis : proposer des chauffeurs précaires, sans licence, et casser les prix. Puis dans d’autres secteurs. L’idée est efficace : Uber ne fait «que» mettre en contact le client et le prestataire, et récolte les bénéfices. Aujourd’hui «l’ubérisation» s’impose dans de nombreux domaines.

Macron devient ministre en 2014. Immédiatement, il œuvre en coulisse en faveur des intérêts de la multinationale américaine. Il est en contact direct avec le patron de l’entreprise. Il aide Uber qui subit en 2015 plusieurs perquisitions menées par des enquêteurs français dans son siège. Uber a créé un «bouton d’arrêt d’urgence» appelé «Kill Switch» qui coupe instantanément, et à distance, l’accès aux ordinateurs et empêche toute enquête fiscale. Macron organise des rendez-vous secrets avec Uber et propose des «deals» sans prévenir le gouvernement. Il se fait donc lobbyiste de l’entreprise. Macron n’est pas un simple soutien, c’est presque un partenaire de la firme. Il propose par exemple de «faire en sorte que la France travaille pour Uber afin qu’Uber puisse travailler en et pour la France».

Mark MacGann, dirigeant de Uber, qualifie une rencontre avec Macron de «spectaculaire» : le ministre de l’économie a «accueilli Uber dans une atmosphère remarquablement chaleureuse, amicale et constructive». Macron intervient personnellement pour aider Uber auprès du ministre de l’Intérieur de l’époque pour obtenir une réglementation sur mesure. Uber appelle Macron parce que l’application est interdite par le préfet des Bouches du Rhône ? Macron appelle le préfet et fait disparaître l’interdiction. En interne, chez Uber, on parle d’un «Meeting méga top avec Emmanuel Macron ce matin». Avant Macron, Uber n’est pas sûr de pouvoir s’implanter en France. Avec lui, c’est acquis.

En parallèle, Uber a manipulé l’opinion française. Par exemple, l’entreprise a payé des économistes médiatiques pour lui faire sa pub. Nicolas Bouzou, économistes ultra-libéral et notoirement incompétent, mais régulièrement invité dans les médias, est payé 10 000 € pour faire une étude sur mesure, ou prendre la défense de la firme dans les médias. Si cet économiste qui réclame par ailleurs la casse du système social français, de l’hôpital public ou la baisse des salaires est un vendu au grand capital, les médias qui l’invitent sont encore plus coupables de donner la parole à un lobbyiste aussi lamentable.

7 ans et un quinquennat de Macron plus tard, l’ubérisation est générale. L’éducation Nationale en pénurie de prof organise des «job dating» pour recruter des enseignants en 30 minutes. Le ministre de la Santé propose des «bed managers» dans les hôpitaux. C’est une start-up, Doctolib, qui gère les rendez-vous médicaux. Les livreurs à vélo, qui travaillent même sous les averses ou la canicule et pendant la pandémie, constituent le nouveau prolétariat métropolitain, précaire, corvéable, parfois sans-papiers. Et le projet de Macron est le même qu’Uber : une société «d’auto-entrepreneurs» précaires qui vendent leurs services sur des plate-formes numériques au profit de firmes pratiquant l’évasion fiscale.

Il y a eu le scandale BlackRock : en 2019, on apprenait que Macron voulait saccager le système de retraites au profit de la multinationale de retraites privées. Il y a eu Mc Kinsey : Macron a gouverné sous l’influence de cabinets privés américains rémunérés des centaines de millions d’euros pour piloter des sujets aussi graves que la crise Covid. À présent il y a Uber, et bien d’autres. Les gouvernants composent une mafia capitaliste décidée à brader tout le bien commun à leurs amis patrons. Nous le savons. Savoir ne suffit pas. Seuls les actes comptent : luttons.

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