Un camp de «rééducation» pour enfants à Mayotte


Avec Darmanin, le retour des bagnes pour mineurs encadrés par des militaires : un ministre du dressage pour une jeunesse qui se tient sage



Jusqu’où ira la fuite en avant d’extrême droite du gouvernement ? Quel sera le Régime politique de la France après 10 ans de macronisme ? Imaginer les réponses à ces questions fait froid dans le dos vu l’actualité.


Gérald Darmanin lance la rentrée politique par des mesures coloniales et répressive sorties du 19ème siècle. Le 22 août, le Ministre de l’Intérieur a littéralement proposé de créer des bagnes pour enfants à Mayotte. Lors d’un déplacement dans cette île où 77% de la population vit sous le seuil de pauvreté – contre 14% en métropole – il a multiplié les annonces martiales.

«Dès la semaine prochaine», il proposera au Président Macron l’ouverture de «lieux encadrés par des militaires, qui sont des lieux de rééducation, de redressement d’une partie des enfants, des adolescents très jeunes». Une proposition faite par Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle. «Aujourd’hui les magistrats, et c’est bien normal, les libèrent, puisqu’on ne met pas les enfants en prison, mais il faut pourtant leur offrir un lieu de sanction». C’est donc le retour des bagnes pour enfants, comme au 19ème siècle. On se souvient de la «colonie pénitentiaire» de Belle île en Mer en Bretagne, célèbre pour la mutinerie des enfants enfermés en 1934. Le poète Prévert avait écrit à cette occasion le texte «La Chasse à l’Enfant».

Autre exemple de «lieu de sanction» géré par des militaires outre-Mer : le bagne de Cayenne, en Guyane, où l’on envoyait croupir les criminels et les ennemis politiques. Ou encore celui de Nouvelle-Calédonie. C’est donc sur une autre île, Mayotte, que le Régime veut créer un lieu d’enfermement militarisé. C’est tout cet imaginaire colonial et autoritaire que Darmanin convoque derrière son discours.

Le Premier Flic de France a également demandé au directeur général de la police nationale «d’étudier la possibilité d’utiliser des armes intermédiaires, qu’on a ici utilisé lorsqu’il y a eu des émeutes, lorsque le Raid est venu» contre les mineurs délinquants. L’arsenal de la police anti-terroriste et anti-gang pour la répression quotidienne d’adolescents. «Évidemment, quand on appréhende des mineurs, même extrêmement violents, (il n’y a) pas la possibilité de tirer à balle réelle comme on le ferait lorsqu’on est attaqué par adultes», a presque regretté Darmanin. Et pour les mineurs de plus de 13 ans, Eric Dupond-Moretti a annoncé l’ouverture d’un Centre éducatif fermé (CEF). Les lieux voulus par Darmanin visent des plus jeunes encore.

Le Ministre s’est également déplacé dans une Centre de Rétention de l’île, aux conditions épouvantables, pour appeler à «lutter contre l’attractivité sociale et administrative» de Mayotte pour y freiner l’immigration clandestine en provenance des Comores voisines. «Les moyens techniques et humains ne pourront pas tout tant que l’on aura cette législation qui permet encore aux gens de venir ici et très rapidement de ne plus pouvoir être exclus de l’île de Mayotte», a affirmé Gérald Darmanin.

Dès 2017, Macron se moquait déjà des exilés à Mayotte : «le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien». Une référence aux petites embarcations de l’océan Indien grâce auxquelles des habitant·es des Comores tentent de rejoindre Mayotte et meurent parfois noyés. Une sortie raciste.

Après le SNU qui vise à endoctriner les lycéens, les 30000 réservistes pour la police, les discours guerriers, les chasseurs comme auxiliaires de police… ce projet de camp de rééducation outre-mer. C’est toute la société qui subit un processus de militarisation dont l’extrême droite n’aurait pas osé rêver.

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