Prague : 70.000 personnes lancent un ultimatum au gouvernement


Confusion et mobilisation populaire : que se passe-t-il en République Tchèque ?


Des dizaines de milliers de personnes à Prague ont lancé un ultimatum au gouvernement

Prague, capitale de la République Tchèque. Le week-end dernier, un rassemblement massif a réuni entre 70.000 et 100.000 personnes contre la flambée du prix de l’énergie, l’inflation et l’OTAN. Parmi les nombreux slogans de cette mobilisation fourre-tout, «Ce n’est pas notre guerre», et des critiques contre le gouvernement. Une masse considérable dans la rue pour lancer un ultimatum au gouvernement.

La manifestation a eu lieu à l’appel d’une coalition hétéroclite d’organisations, de citoyens et partis politiques allant du mouvement SPD – d’extrême droite – au Parti communiste. C’est donc un appel confus qui agrège à la fois des réactionnaires et des anticapitalistes autour d’un mot d’ordre fédérateur : la hausse du coût de la vie, qui va rendre très difficile sinon impossible le quotidien de millions de personnes.

En Occident, les forces traditionnelles de la gauche sont mortes : non seulement elles n’impulsent plus depuis longtemps les mouvements sociaux, mais elle n’arrivent plus non plus à les canaliser. Il suffit de voir l’absence sidérante de la gauche syndicale en France lors des Gilets Jaunes, puis lors des mobilisations contre les violences policières, puis sur la question du Pass Sanitaire ou ces derniers mois concernant l’inflation. Systématiquement absente. Souvent même, du mauvais côté de l’histoire.

La gauche aura même été incapable de tenir un discours sur l’impérialisme et l’OTAN depuis février, se rangeant derrière la propagande atlantiste et la montée en guerre sans le moindre recul. L’antimilitarisme et l’anti-impérialisme, qui faisaient partie de ses fondamentaux, a lui aussi disparu, laissant le monopole du discours critique à l’extrême droite et aux forces pro-Poutine. C’est ce qui se passe en République Tchèque, avec cette manifestation qui mêle revendications sociales et géopolitiques.

Pourtant la colère est là, partout, légitime. Qui peut rester insensible à l’explosion du prix de denrées essentielles ou de services vitaux comme l’énergie ? Qui peut évacuer l’inquiétude d’un retour de l’affrontement entre blocs en Europe et le risque d’accident nucléaire ? Personne. Faute de vraie opposition sociale, des mobilisations confuses surgissent. C’est le symptôme d’un déficit.

À Prague, c’est donc un raz de marée anti-gouvernemental, anti-restrictions, anti-guerre et contre l’OTAN qui déferle. Plus ambitieux encore, les dizaines de milliers de personnes ont adressé un ultimatum au gouvernement de droite en place : il doit démissionner avant le 25 septembre. Un autre rassemblement est organisé le 17 septembre. Des scénarios comparables auront probablement lieu ailleurs. À nous de voir : voulons-nous laisser les lames de fond de la colère sociale tomber entre les mains de l’ennemi et subir la situation avec impuissance, ou construire de vrais mouvements de résistance et de révolution ?

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