Fuite d’acide à l’usine chimique Yara, en bord de Loire


Près de Saint-Nazaire : l’un des 13 pires sites industriels de France


Jeudi 8 septembre 2022, à Montoir, près de Saint-Nazaire. Une sirène retentit dans l’usine chimique Yara, qui produit des engrais. Une fuite d’acide sulfurique sulfurique déclenche un «plan d’opération interne». Comme toujours avec les risques chimiques, l’opacité est totale, ou presque. La préfecture communique qu’il s’agit d’une fuite «de faible ampleur» et ajoute «qu’aucune conséquence à l’extérieur de l’établissement n’est constatée par les services de l’État». Doit-on faire confiance au même État qui se voulait rassurant lors de l’incendie de Lubrizol, la fumée étant «toxique mais pas trop» alors même qu’il pleuvait des pluies d’hydrocarbure sur toute la région, que des milliers d’habitants de Rouen étaient pris de malaises et que des poissons morts remontaient à la surface.

Pour Yara, tout va bien. Sauf que cela fait des années que cette usine classée SEVESO met en danger les ouvriers, les habitant-es, et plus globalement tout l’estuaire de la Loire. Elle est classée comme l’un des 13 pires sites industriels de France, qui «font encore l’objet d’incidents ou de non-conformités récurrentes» selon l’État.

Elle fabrique les fameux Nitrates d’Ammonium, ceux qui ont dévasté la ville de Beyrouth en 2020. À l’époque, autour de 2000 tonnes d’engrais azoté avaient explosé dans un dépôt et rasé une partie de la capitale du Liban. Près de Saint-Nazaire, Yara fabrique 600.000 tonnes d’engrais chaque année. 30 fois plus. De quoi provoquer un souffle dévastateur de Saint-Nazaire jusqu’à Nantes. Une poudrière sur l’Estuaire, près d’une raffinerie et d’un terminal pétrolier. Et dire que le site de Cordemais, non loin de là, fait l’objet de bruits pour voir s’installer une des centrales nucléaires promises par Macron.

Non contente d’installer une bombe chimique en bord de Loire, la firme qui est leader mondial des engrais de synthèse pollue massivement l’environnement. En 2020, Yara a déversé quantités de produits dans la Loire, alors qu’elle était déjà mise en cause depuis des années. L’usine a dépassé 410 fois ses seuils d’autorisation de pollution cette année-là, un record. Un arrêté préfectoral mentionnait 18 jours de pollution à l’azote et 29 jours au phosphate venant des eaux industrielles ; pour les eaux pluviales, 256 jours à l’azote et 107 au phosphore. Les taux de cancers sont localement très élevés à Saint-Nazaire, Trignac, et surtout Montoir : le risque de cancer est supérieur de 30% à la moyenne nationale.

La multinationale est-elle sanctionnée ? Pour les 410 crimes environnementaux de l’année 2020, Yara avait reçu une première amende : 28.500 € pour «des rejets d’eaux industrielles dépassant les valeurs limites sans projet d’unité de traitement». Puis 80.400 euros en février 2022, puisqu’elle avait continué. Yara utilise littéralement la Loire comme un dépotoir de produit dangereux, sans filtre. Et intoxique l’air. Avant 2020 elle n’avait même pas eu d’amende : impunité totale pour des années d’empoisonnement. Ces sommes sont dérisoires pour l’entreprise qui affiche un chiffre d’affaire de 13 milliards.

Autrement dit : pour Yara, il est plus rentable de saccager notre environnement que de ne pas polluer. Pendant que le discours ambiant appelle à faire des «petits gestes» individuels, des criminels qui font des maxiprofits sur la destruction du vivant reçoivent une gentille tape sur les doigts par les autorités. Faut-il attendre un accident industriel majeur aux portes de Nantes et Saint-Nazaire pour agir contre Yara ?


Une source : https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/saint-nazaire-44600/montoir-de-bretagne-pollution-la-scandaleuse-reponse-de-yara-selon-un-senateur-7a27abe2-2eb7-11ed-adcf-708cd760dd51

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