Le régime de Poutine durcit son emprise et ses destructions. Le pouvoir annonce l’envoi de 300.000 conscrits sur le front ukrainien, la guerre s’intensifie et entre dans les foyers. Face à ce désastre qui concerne désormais de nombreuses familles russes, manifester est quasiment impossible. Plus de 1000 personnes ont encore été arrêtées ces derniers jours dans les grandes villes russes pour avoir protesté contre la guerre. Face à ce constat, des groupes d’anonymes, souvent anarchistes, refusent de baisser les bras et passent à l’action. Seule solution : les sabotages.
Ces derniers jours, les commissariats militaires russes commencent à rassembler des réservistes. Cette semaine, un inconnu a mis le feu à un commissariat de Lomonosovo à Saint Petersbourg. Ce commissariat est chargé de mobiliser des gens pour les envoyer en Ukraine. Dans la ville de Tolyatti quelqu’un a jeté des cocktails Molotov dans un bâtiment administratif de la ville.
Depuis plusieurs mois, des actions clandestines à travers la Russie ciblent des chemins de fer, des centres de recrutement militaire, des véhicules appartenant à des fanatiques de la guerre…
Dans une interview donnée au média anglophone Crimethinc. un groupe anarchiste explique la situation politique terrible en Russie et revendique le sabotage de voies ferrées. Notamment un chemin de fer menant à la direction générale du ministère de la Défense. Plusieurs boulons ont été dévissé et des rails tirés sur le côté.
Le collectif explique : «La défaite de l’Ukraine entraînera le triomphe des forces les plus réactionnaires de Russie – finalisant sa transformation en un camp de concentration néo-stalinien, avec un pouvoir illimité concentré par le FSB [la police politique russe, le Service fédéral de sécurité, successeur du KGB] et une idéologie totalitaire et impériale complète». Les militants ajoutent : «Si la Russie est vaincue, il y aura inévitablement une crise pour le pouvoir de Poutine et une perspective de révolution. Entre les deux alternatives, le choix est clair.»
Si les protestations et les sabotages s’intensifient depuis l’annonce de mobilisation massive de Poutine, les actions directes ont lieu depuis des mois.
Dans la nuit du 9 mars 2022, au sud-est de Moscou, une ombre lançait des engins incendiaires sur le bureau de l’armée de Lukhovitsy. L’objectif était de détruire les archives contenant les données personnelles des réservistes et des conscrits, qui peuvent être envoyés pour faire la guerre. L’incendiaire publiait la vidéo de son action accompagnée d’un texte d’explications : «J’ai mis le feu au bureau d’inscription et d’enrôlement de l’armée, et je l’ai filmé avec une caméra GoPro. J’ai peint les portails aux couleurs du drapeau ukrainien et j’ai écrit : ”Je n’irai pas tuer mes frères !”, puis j’ai escaladé la palissade, j’ai versé de l’essence sur la façade, cassé les fenêtres et balancé des cocktails Molotov à l’intérieur. […] Cela devrait empêcher la mobilisation dans ce district. J’espère que je ne verrai pas mes camarades de classe en prison ou sur les listes des morts. […] cela devrait briser encore plus l’esprit de l’armée et du gouvernement russes. Que ces ordures sachent que leur propre peuple les déteste et les anéantira. Bientôt, le sol brûlera sous leurs pieds, l’enfer les attend aussi chez eux.»
Le 31 octobre 2018 déjà, un jeune anarchiste, Mikhail Zhlobitsky, était mort dans l’explosion du siège du FSB à Arkhangelsk. Et si la solution de la guerre en cours se trouvait dans la résistance courageuse d’une partie du peuple russe au tyran Poutine et son appareil répressif ?
Interview (en anglais) du groupe russe «Combat Anarcho-commnuniste».