Une mesure «d’humanité» proposée par le gouvernement français : l’État va verser 150 euros par mois aux familles qui accueillent des réfugié-es ukrainien-nes. Une aide qui va concerner de «5.000 à 12.000 familles» et qui «couvrira la période du 1er avril au 31 décembre 2022». Tant mieux, belle initiative… si la mesure n’était pas complètement paradoxale avec la politique appliquée par l’État français depuis des années.

Cédric Herrou, paysan dans la vallée de la Roya, dans le sud-Est de la France, vient en aide aux exilé-es depuis des années. Dans sa ferme, les personnes sont accueillies, hébergées, soignées. Non seulement Cédric Herrou n’a jamais reçu d’aide financière pour ses activités d’accueil, mais il a été persécuté par les autorités. Depuis 2016, il a subit des arrestations, plusieurs gardes à vue, des perquisitions parfois violentes dans sa propriété et des procès en justice éprouvants. Sans compter le harcèlement de la fachosphère. Tout cela pour avoir aidé des êtres humains nés dans des pays pauvres ou en guerre, venus trouver refuge.
Le 13 décembre 2018, la justice française veut faire des exemples. 7 personnes de Briançon accusées d’aider les migrant-es sont jugées «coupables d’aide à l’entrée sur le territoire d’une personne en situation irrégulière». Elles écopent de six mois de prison avec sursis, et deux d’entre elles, jugées pour des délits connexes, à 1 mois de prison dont quatre fermes.
À Calais en 2019, Tom, bénévole de l’ONG Amnesty International filme des violences policières contre des exilés. Il est poussé violemment par un CRS par dessus une glissière de sécurité, échappant de peu à un camion qui passait. Il est poursuivi pour… outrage et violences.
Il y a aussi Loïc, arrêté à la frontière avec un Éthiopien dans sa voiture. Poursuivi, il sera relaxé en mars 2018, puis condamné en avril 2019.
À Avignon, Chantal a aidé à un mineur isolé à s’inscrire à l’école. Elle est poursuivie pour «usurpation de fonction» et «usage de faux» après avoir coché la mention «représentant légal» dans le formulaire d’inscription.
À Nantes, des personnes ont été menacées, arrêtées, enfermées ou poursuivies pour avoir aidé des exilé-es en ouvrant des bâtiments vides ou en les aidant à installer des tentes.
Des exemples identiques de criminalisation de l’entraide et de la solidarité, il y en a des dizaines d’autres en France. Un pays qui applique en la matière une politique répressive inhumaine depuis des années. Sauf dans le cas ukrainien : le pouvoir se donne bonne conscience en versant une somme d’argent.
Insupportable dissonance cognitive.
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