18 octobre : début d’une lutte prolongée ?


Retour sur la journée de grève et de manifestation à Nantes


Les raffineries sont en grève depuis près d’un mois, des cheminots entrent en mouvement, de nombreuses entreprises sont en lutte sur tout le territoire… Partout, la colère gronde sur fond d’inflation pour exiger une hausse des salaires.

Une grève générale avait lieu mardi 18 octobre. À Nantes, plusieurs lycées étaient bloqués dès le matin. La veille, une Assemblée Générale avait réuni près de 200 personnes à l’Université. Un début de crépitement de la jeunesse, après deux années sous chape de plomb sanitaire. Ce mardi des assemblées ont lieu chez les enseignants au lycée Michelet, réunissant plus de 150 personnes mais sans, pour l’instant, fixer de perspectives, et chez les cheminots devant la gare de Nantes. L’envie de s’organiser à la base est là.

Le rendez-vous de manifestation est fixé à 15h devant la préfecture. Ambiance calme et longs discours. Les centrales syndicales hésitent à partir en manifestation. Une heure et demie plus tard, le cortège finit par s’élancer, mais certains grévistes sont déjà partis. 5000 personnes défilent. Des pétards crépitent devant la mairie de Nantes. Un cortège de tête se forme, des fumigènes rougissent l’air. Aux abords du défilé, une nouvelle compagnie de «super-flics», la CRS 8, envoyée par Darmanin à Nantes pour «lutter contre l’insécurité». Elle est, de fait, immédiatement utilisée pour réprimer les luttes sociales. Agressives, les forces de l’ordre tout en noir, cagoulées, avec des lunettes de soleil, mettent en joue la foule au LBD, tentent de bloquer une artère avant de faire volte face. Ils ont envie d’en découdre, malgré la grande timidité du défilé.

La manifestation, tranquille, termine son petit tour devant la préfecture, cernée de policiers. De nombreuses personnes veulent continuer, mais les camions sono s’en vont. Moment de flottement. Un gréviste dit au camion de la CGT qui s’en va que pour sa journée de grève, il n’avait pas prévu une promenade syndicale. Des appels à continuer se font entendre. Finalement, c’est un deuxième défilé, plus petit mais beaucoup plus énergique qui part. Il est essentiellement composé de jeunes, les slogans résonnent plus fort encore, mais la police est de plus en plus présente. Quelques tags apparaissent, l’ambiance commence à s’échauffer, mais à Bouffay, une ligne de policiers bloque l’avancée. À son arrivée à Feydeau, le cortège fait face à un très gros dispositif répressif. La marche s’accélère, les lignes de casqués semblent décidées à empêcher la manifestation de continuer. La BAC se déploie. Une grenade lacrymogène est tirée sans raison. C’est terminé. Des dizaines de fourgons policiers encerclent Hôtel Dieu, où devait se tenir une réunion pour préparer la suite des événements.

Face aux attaques répétées du gouvernement, le climat social s’échauffe. Mais encore timidement, en comparaison à la violence des assauts. Nous sommes trop gentils, alors que le clan au pouvoir est peuplé de mafieux, de cabinets de conseils et de managers sociopathes qui ne reculent devant rien. Néanmoins, depuis le mouvement des Gilets Jaunes en 2018, prolongé par la lutte massive pour les retraites en 2019, la France n’est pas sortie d’un conflit social dont l’intensité varie mais qui ne s’est jamais vraiment arrêté et qui peut exploser à tout moment.

Le mouvement de grève en cours et les diverses protestations qui couvent seront-ils le début d’une lutte prolongée ou l’épisode éphémère d’une colère qui ne trouve pas encore la voie pour triompher ? À suivre ces prochains jours.


Images : Oli Mouazan, Marion Lopez, CA

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