Tout n’est pas perdu, une victoire pour l’environnement a été remportée cette semaine. La bataille a lieu en Haute-Savoie, à la Cluzas, commune où se trouve une station de ski et le camp retranché de la Cluzad.

Là bas, les autorités veulent construire une «retenue collinaire». C’est le nom poli pour désigner un bassin artificiel qui s’apparente à un barrage. À La Cluzas, il s’agit d’un vaste réservoir de 148.000 m³ pour accumuler de l’eau et fabriquer de la neige artificielle pour les skieurs ! Les capitalistes ont provoqué un réchauffement climatique qui assèche les sols et va faire disparaître les hivers, mais plutôt que de revenir sur les causes du phénomène, ils l’accélèrent. Ainsi, les mêmes capitalistes construisent des «mégabassines» pour alimenter l’agriculture industrielle ou créer de la neige quand il n’y en a pas. On marche sur la tête.
Pour parfaire le tableau, cette «retenue» doit être implantée dans le bois de la Colombière et donc détruire partiellement une forêt.
Contre ce projet, une ZAD est apparue : des écologistes occupaient le bois depuis le 24 septembre, rebaptisé «la Cluzad». L’idée était de tenir les lieux jusqu’au 30 novembre, date à laquelle le chantier n’aurait pas pu démarrer, car un arrêté de préservation de cinquante-huit espèces empêche les travaux à partir cette date. Finalement la lutte paie, car les travaux viennent d’être suspendus par le Tribunal Administratif de Grenoble.
Une juge des référés donne raison aux associations environnementales en suspendant l’arrêté préfectoral qui autorise les travaux. Le tribunal estime que «l’intérêt public qui découle de la réalisation d’une retenue collinaire essentiellement destinée à assurer l’enneigement artificiel de la station est insuffisant à remettre en cause l’urgence qui tient à la préservation du milieu naturel et des espèces qu’il abrite, avec des conséquences qui ne seraient pas réversibles, au moins à moyen terme» et souligne «l’absence de raison impérative d’intérêt public majeur» du projet. Pour faire bonne figure, le juge ajoute que les zadistes sont «susceptibles d’être expulsés par les forces de l’ordre à brève échéance sur ordre du ministre de l’intérieur».
Mais les occupants et occupantes ont déjà levé le camp, puisque l’objectif est atteint : la destruction ne commencera pas cette année. Le maire de la commune annonce vouloir se pourvoir en cassation devant le Conseil d’État. Rien n’est donc acquis et la vigilance reste de mise. «Nous continuerons de défendre le bois contre ce projet d’un autre temps (…). Nous nous réinventerons sans cesse pour faire de nos montagnes des lieux vivants, qui offrent aux générations présentes et futures la possibilité de les habiter, tout simplement» écrivent les zadistes. Sans l’occupation, les travaux auraient sans doute déjà démarré, les luttes de territoire sont les seules à même de freiner l’avancée du désastre.
Prochain rendez-vous : dans les Deux-Sèvres ce week-end. À Sainte-Soline, les autorités veulent imposer un projet aussi absurde : une méga-bassine en plastique pour l’agro-industrie. Des milliers de personnes sont attendues sur place.
Images : Geoffrey Bire et peag22
Page Facebook : La Cluzad
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