Fausse transition et vrais renoncements
C’était le grand rendez-vous sur le climat, en 2022 en Égypte, après des vagues de canicules, de sécheresse et des incendies inédits. La nouvelle conférence mondiale où les nations allaient se mettre autour de la table, celle où les puissants de la planète allaient nous répéter en chœur que nous étions au bord du gouffre, qu’il fallait redoubler d’efforts. La COP27, sponsorisée par Coca-Cola et autres multinationales dévastatrices, vient à peine de se clôturer à Charm el-Cheikh et la mise en scène sinistre ne trompe plus personne.
Les États capitalistes n’ont aucune intention de ralentir la course vers le désastre, mais ils annoncent depuis des années des « compensations des pertes et dommages » pour les pays pauvres victimes du dérèglement climatique. En novembre 2021, un accord signé par lors du G20 annonçait une enveloppe de 100 milliards de dollars par an, destinée à être versée aux pays du Sud confrontés aux phénomènes météorologiques violents. Après la COP27, les 20 États membres n’ont toujours pas versé la somme promise, alors même que le Pakistan a traversé la pire inondation de son histoire, dévastant des millions de logements, des plaines agricoles et des infrastructures. Ce Dimanche 20 novembre, Macron dans un cynisme absolu déclarait sur Twitter vouloir organiser un sommet à Paris en 2023 pour mettre en place « un nouveau pacte financier » pour « aider » les pays vulnérables. « J’y travaillerai avec nos partenaires en vue d’un sommet à Paris avant la prochaine COP » . Un nouveau « pacte financier » ? L’accord initial qui garantissait les 100 milliards aux pays vulnérables n’a même pas été tenu par les grandes puissances économiques alors que ce sont les États qui polluent le plus.
Sur la même période, les aides publiques en faveur des énergies fossiles dans le monde ont littéralement explosé. 697 milliards de dollars rien que sur l’année 2021 ! En France, la multinationale Total est le premier développeur de projets pétroliers et gaziers sur le continent africain. Les financements de l’expansion des énergies fossiles sont assurés par de grandes banques. En Afrique, la banque française BNP-Paribas est le 3ème investisseur de cette industrie mortifère.
Le charbon, le pétrole et le gaz, énergies très polluantes, représentent encore 80% de l’énergie consommée dans le monde. Et devinez quoi ? Les mots « énergies fossiles » ne figurent même pas dans les accords ! Ces mots avaient déjà été retirés de l’accord de Paris en 2015 sous la pression de l’Arabie Saoudite, grand producteur de pétrole. En 2021, à Glasgow, le mot charbon apparaissait pour la première fois pour dire qu’il fallait en diminuer « progressivement » l’usage « sans système de capture de CO2 ». Mais pas le pétrole ni le gaz. Le texte de la COP27 reprend mot pour mot la formule choisie à la COP26 écossaise. Aucune avancée, même pour un simple texte qui n’implique aucun engagement. Dans 50 ans, peut-être qu’une déclaration de principe évoquera l’hypothétique éventualité d’envisager la possible baisse souhaitable des énergies fossiles. Mais il y aura probablement eu un effondrement et des millions de morts d’ici là.
La volonté de limiter le réchauffement climatique mondial à 1,5°C a été rappelée, mais aucun nouveau moyen n’est mentionné pour renforcer cet engagement. D’ailleurs, de nombreux experts estiment que ce seuil est déjà dépassé ou en phase de l’être. Prenons l’exemple français, une étude du CNRS estime qu’en 2023 on atteindrait déjà +1,8°C par rapport à 1900 et que les températures moyennes pourraient grimper dans l’hexagone de 6,7 degrés dans les prochaines décennies. Cela implique un changement complet de la faune, de la flore, des pénuries massives et des extinctions.
Au même moment, c’est le coup d’envoi du Mondial au Qatar. Dans la monarchie gazière du golfe, l’organisation de la Coupe du Monde de football a coûté à elle seule 220 milliards de dollars. Un fric monstrueux pour ce qui se révèle être aberration écologique totale : des stades climatisés en plein milieu du désert pour pouvoir y jouer 64 matchs de foot sous une chaleur avoisinant les 30 degrés. 220 milliards, c’est une somme qui permettrait un plan massif et mondial pour sauver ce qui peut l’être.
Indécence et double discours permanent. Marketing politique insupportable et sauvagerie capitaliste. La solution ne viendra pas d’en haut, il nous faut donc faire un choix : le désastre annoncé ou la révolution.
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