«Plus de 20.000 personnes sont mortes lors des vagues de chaleur estivales en Europe occidentale» écrit le grand journal anglais The Guardian, à partir d’études scientifiques.
En 2022, nous avons traversé un été inédit. Il a fait plus de 40°C à Londres, 42°C à Nantes et près de 45°C degrés dans le sud de l’Espagne. Les cours d’eau étaient vides et une sécheresse jamais vue depuis des siècles a frappé le continent. Des incendies ont dévoré plus de 62.000 hectares de forêts françaises, de la Gironde jusqu’au cœur de la Bretagne. 6 fois la superficie de Paris.
Cette canicule, qui n’est sans doute qu’un timide prélude au chaos climatique que nous allons connaître les prochaines années, n’a pas seulement tué des animaux et des végétaux. Elle a emporté des milliers de vies humaines. Les pays riches ne sont pas épargnés par l’hécatombe causée par la chaleur.
Selon The Gardian, en Angleterre et au Pays de Galles, la surmortalité de l’été 2022 s’élève à 3.271 décès. 6,2% de plus que la moyenne des dernières années. En Espagne, l’Institut de santé Carlos III, qui relève de l’État, estime qu’il y a eu 4.655 décès attribuables à la chaleur entre juin et août. Quant à l’Allemagne, l’institut Robert Koch du ministère de la santé estime que 4.500 personnes supplémentaires sont mortes dans le pays pendant les mois d’été.
Et en France ? Les données du gouvernement évoquent 10.420 décès supplémentaires par rapports aux moyennes précédentes. En septembre, l’INSEE estimait qu’entre juin et août 2022, le pays a connu «un excès de décès, très vraisemblablement dus à la canicule» s’élevant à 11.124 morts de plus qu’à l’été 2019, avant la pandémie. Une augmentation de la mortalité de 10,9% par rapport à la moyenne 2015-2019, directement corrélée aux pics de chaleur.
Mais alors pourquoi la France s’en sort-elle si mal ? Pourquoi, à population égale avec le Royaume-Uni, il y a 3 fois plus de décès en France ? Pourquoi la chaleur a tué deux fois plus de français que d’allemands, alors que l’Allemagne est bien plus peuplée ? Un point aveugle de ces chiffres accablants est la question de l’hôpital public. Tout le monde semble «oublier» le rôle de l’effondrement du système de santé français dans cette surmortalité. Tout l’été, des dizaines de services d’urgence ont été fermés. De nombreux soins n’ont pas pu être assurés, ou pas correctement, faute de moyens et de personnel. Les affaires de personnes âgées “oubliées” pendant des heures dans un couloir d’hôpital et retrouvées mortes ont vite été oubliées. Le nombre de lits d’hôpitaux disponibles n’a pas cessé de baisser. Pourquoi occulter la responsabilité politique évidente de la hausse de la mortalité ?
Le plus spectaculaire est l’absence totale de réaction du gouvernement. 10.000 décès supplémentaires cet été et c’est comme s’il ne s’était rien passé. Pas de grands discours. Pas d’excuses du président. Pas «d’état d’urgence». Pas de grandes mesures pour protéger les victimes du dérèglement climatique. Pas de moyens supplémentaires. Aucune réaction.
Pour rappel, les 15.000 décès de la canicule en 2003 avaient provoqué une crise politique majeure qui avait mis en grande difficulté le gouvernement de Jacques Chirac et coûté son poste au ministre de la santé. Absolument rien de tout ça sous Macron. Aucune remise en cause. Cela n’a même pas été un sujet. Les médias français ont préféré parler d’Islam et d’insécurité tout l’été.
Les morts et les dégâts provoqués par le chaos climatique semblent négligeables pour les gouvernants. Et les élites françaises, en particulier les stagiaires de Mc Kinsey qui sont au pouvoir, sont parmi les plus abjects et incompétentes d’Occident. En saccageant le système de santé, les décideurs ont du sang sur les mains. Ces gens n’ont aucune intention d’agir contre les ravages du capitalisme sur notre environnement et nos vies. La stratégie est donc de faire comme si tout cela n’existait pas, en faisant semblant de ne pas voir arriver les prochaines crises.