Analyse du capitalisme prédateur

UBER
La scène a lieu au printemps 2020 : «Aujourd’hui sera votre dernier jour chez Uber» annonce en anglais une femme à la voix chevrotante, dans une vidéo en direct à des milliers de travailleurs. C’est un licenciement simultané de masse, d’un coup, par écran interposé, pendant la pandémie, par un géant des nouvelles technologies. Une première.
AMAZON
Le géant de la vente en ligne possédé par Jeff Bezos, le milliardaire le plus riche au monde, va mettre à la porte 10.000 de ses salariés, soit 3% de son effectif. Il s’agit du plus grand plan social de l’histoire du groupe, alors qu’Amazon a accumulé des profits records pendant la pandémie.
L’entreprise numérique compte licencier environ 10.000 de ses employés jugés «peu performants». Les managers vont devoir désigner 6% de «mauvais employés» pour les virer.
À peine une semaine après sa prise de contrôle du réseau social, le milliardaire Elon Musk lançait un «plan de réduction» de la moitié des effectifs de l’entreprise. Des milliers de personnes au chômage en quelques heures, prévenues par un simple mail, avant de voir leur accès à leur comptes professionnels et aux locaux de l’entreprise verrouillés. Trois semaines plus tard, le milliardaire proposait aux salariés restants de choisir entre se donner «à fond, inconditionnellement», de s’engager à «travailler de longues heures à haute intensité». Il fallait cocher «oui» ou quitter Twitter. Beaucoup ont démissionné.
Dans la période d’ensauvagement du capitalisme, l’être humain semble devenu obsolète, remplaçable et même gênant aux yeux des ultra-riches. Ce qui se passe chez les géants du numérique en est une illustration, la casse du code du travail permet à des sociopathes de virer des dizaines de milliers de personnes d’un revers de la main, sans avoir à rendre de compte à personne.
LA CRÉATION D’EMPLOI, CETTE BLAGUE
Venons au mythe de la «création d’emploi» qui justifierait l’existence des patrons. Non seulement les ultra-riches ne «créent» pas d’emploi, puisqu’ils tirent profit du travail des autres en réalisant des bénéfices sur les richesses produites par leurs employés, mais ils en détruisent. Amazon a détruit tout un tissu commercial dans de nombreux pays : épiceries, librairies, moyennes surface ont été avalées. D’un simple clic, tout devenait à portée de main, stocké dans des hangars géants et livré par des travailleurs précaires. Même chose pour Uber, qui a transformé de nombreux emplois en jobs précaires maquillés derrière le statut d’auto-entrepreneur. Une simple plateforme numérique a généré des milliards de profits en prélevant une partie du gain des travailleurs. Les autres géants du net ont quasiment fait disparaître l’industrie de la presse par exemple, qui faisait vivre de nombreuses professions qualifiées au siècle dernier.
Résultat ? Après avoir détruit d’anciennes formes d’emploi, les avoir remplacées par des monopoles, et en avoir tiré un maximum d’argent, ces entreprises licencient maintenant à tour de bras pour faire toujours plus de profit. Même sous l’angle de «l’emploi», argument déjà discutable, le capitalisme prédateur est indéfendable.
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