L’extrême droite au pouvoir en Israël


L’État israélien sombre dans une obscurité politico-militaire sans fond. Et ce sont les palestinien-nes qui en paient le prix du sang.


Benjamin Netanyahou est parvenu à monter une coalition avec l'extrême droite la plus dure en Israël.

L’indéboulonnable premier ministre autoritaire et réactionnaire Benjamin Netanyahou a annoncé le 21 décembre avoir formé un nouveau gouvernement. Il s’agit de la coalition la plus à droite de l’histoire d’Israël. Elle avait triomphé dans les urnes en novembre. Il ne restait qu’à composer un gouvernement, et c’est l’extrême droite la plus dure, ouvertement raciste et religieuse, qui se taille la part du lion.

TRADITIONALISME ET HOMOPHOBIE

On trouve dans ce nouveau gouvernement des courants messianiques, des sionistes radicaux, des suprémacistes ouvertement anti-arabes. Cette coalition compte des partis religieux ultraorthodoxes, notamment Shas (les “Gardiens séfarades de la Torah”) et Yahadout Hatorah (“Judaïsme unifié de la Torah”, ashkénaze). Il y a l’extrême droite suprémaciste Otzma Yehoudit qui signifie “Pouvoir juif” et le parti Ha-Tzionut ha-datit (“Sionisme religieux”) ou encore des courants ouvertement homophobes. Par exemple le parti Noam du député Avi Maoz, ouvertement anti-LGBT, qui veut interdire les marches des fiertés en Israël et rétablir les thérapies de conversion pour personnes homosexuelles.

LA POLICE AUX MAINS D’UN FASCISTE

Itamar Ben-Gvir est un politicien d’extrême droite radicale, que l’on qualifierait de fasciste en Europe. Il a été poursuivi à de multiples reprises pour des violences lorsqu’il a participé à des manifestation armées dans des quartiers à majorité arabes, pour des discours violents, et condamné pour racisme et possession de propagande terroriste. En effet, il était membre d’un parti officiellement classé terroriste dans les années 1990. Il souhaite une évolution du système judiciaire israélien qui mettrait l’accent sur les valeurs juives plutôt que sur les valeurs démocratiques, et à terme une société théocratique. Ben-Gvir est lui-même un colon résidant à côté d’Hébron.

Durant les élections, ce fasciste a été le principal allié de Benyamin Netanyahou. Il hérite d’un « super-ministère de l’Intérieur » et aura donc la main sur la police, avec un pouvoir élargi. Avec la charge de la « sécurité nationale », il obtient des prérogatives inédites et pourra piloter les enquêtes et renforcer les violences d’État.

Le ministre responsable des colonies en Cisjordanie est Bezalel Smotrich, du parti « Sionisme religieux ». En Cisjordanie occupée, 450.000 colons sont installés, souvent de façon illégale, expropriant les populations locales. Le gouvernement entend « régulariser » ces vols de terres.

CORRUPTION

Si Netanhyaou a passé ces alliances, c’est en partie parce qu’il est lui même menacé par la justice. Il est poursuivi pour corruption et son maintien au pouvoir lui permet de conserver son impunité. Le nouveau gouvernement compte d’ailleurs modifier une loi qui interdit de nommer ministre une personne condamnée, afin de permettre à Arié Dery, le leader du parti ultraorthodoxe Shass, condamné à de la prison avec sursis pour fraude fiscale, d’obtenir un poste.

CRIMES RACISTES

Cette fuite en avant s’inscrit dans un contexte de multiplication des violences coloniales et racistes cette année en Palestine. Le 11 mai, la journaliste Shireen Abu Akleh était assassinée par un sniper lors d’une offensive de l’armée israélienne, alors qu’elle portait un casque marqué “presse”. Un crime d’État resté impuni, la police israélienne avait même chargé les funérailles de la défunte et matraqué les personnes qui portaient le cercueil.

Le 11 décembre 2022, même scénario avec la mort d’une adolescente de 16 ans, Jana Zakarna, tuée par un sniper de la police des frontières à Jénine. Le chef de la police israélienne a personnellement adressé sont soutien au tireur peu après. En août, l’armée israélienne bombardait la bande de Gaza, tuant plusieurs enfants. En Cisjordanie, 150 Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne depuis le début de l’année. Un chiffre jamais vu depuis la Seconde Intifada.

Ces violences d’État s’accompagnent de manifestations de haine. Le 29 mais à Jérusalem, “la marche des drapeaux” défilait dans les quartiers arabes. Organisée par les plus extrémistes des sionistes, elle commémore depuis 1967 l’annexion de la partie Est de la ville. Elle a rassemblé cette année des dizaines de milliers de personnes, qui ont commis de graves violences contre la population arabe. Une femme avait notamment été rouée de coup et gazée en pleine rue.


L’investiture du prochain gouvernement se fera le « plus tôt possible », a assuré Benyamin Netanyahou, d’ici début janvier. L’universitaire Elizabeth Sheppard Selam, spécialiste d’Israël, estime que « Le programme du nouveau gouvernement ressemble à celui d’Éric Zemmour en France ». En Israël, même certains hauts magistrats s’inquiètent de la « fin de la démocratie », la procureure générale du pays estime que le gouvernement va attaquer les « principes fondamentaux de l’état de droit ». L’État colonial ne pourra même plus se vanter d’être la seule « démocratie » au Proche-Orient pour justifier ses crimes. Mais le phénomène est mondial : les passions nationalistes, militaristes et racistes s’imposent dans de nombreux pays du monde.

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