Bravo le veau !

Connaissez vous Interbev ? Probablement pas, car cette structure est peu connue du grand public. Pourtant, c’est un lobby très puissant qui influence ce que nous mangeons au quotidien.
De son nom complet «Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes», Interbev est le grand groupe d’influence de l’industrie de la viande en France. Agissant dans l’ombre, il est pourtant très actif. Disposant d’un budget de 32 millions d’euros par an, Interbev dépense environ 90% de son argent pour des opérations de communications. Sites Internet, clips publicitaires, opérations auprès d’élus…
C’est à Interbev qu’on doit des slogans fabuleux comme «bravo le veau» ou «mercredi, c’est agneau» et des vidéos promotionnelles sur la «traçabilité» de la viande, par exemple. En octobre 2022, le lobby se penche sur une campagne de communication pour la filière veau, car les français mangent de moins en moins de ces petits bovins enlevés à leur mère quelques mois après leur naissance pour être tués pour leur viande plus tendre.
Depuis 2014, Interbev organise les rencontres «Made in viande» avec 1200 professionnels du secteur qui «valorisent» la filière, de l’élevage à l’assiette en passant par l’abattoir. Les lobbyistes interviennent auprès des enfants, avec des activités pédagogiques dans les écoles. En revanche, le monde de la viande s’oppose aux menus végétariens proposés dans certaines écoles.
En 2018, un projet de loi sur l’Agriculture est présenté en Conseil des ministres. Comme par enchantement, une mesure importante qui avait été votée au parlement a disparu : l’obligation d’installer des caméras dans les abattoirs. Les associations de protection animale sont furieuses, Interbev jubile. De même en 2021 : l’obligation d’afficher l’origine des ingrédients dans les plats industriels disparaît discrètement…
Nouvelle victoire du lobby de la viande en 2022, les produits à base de protéines végétales ne peuvent plus être appelés «steak», «lardons», «hamburgers» ou encore «saucisse». Encore un bâton dans les roues des végétariens et végétaliens.
Rappelons que ces dernières années, la filière de la viande industrielle a connu de nombreux scandales. Viande de cheval dans les lasagnes, steaks hachés frelatés, vidéos scandaleuses prises dans les abattoirs, élevages indignes, problèmes de traçabilité…
Du reste, la viande est un problème de santé majeur. Nous en mangeons beaucoup trop. La consommation moyenne par habitant était d’une vingtaine de kilos par an en 1840, 40 kilos en 1920, et 85,1 kg par habitant en 2021 ! Les nutritionnistes en recommandent 500g maximum par semaine, soit 26 kilos par an. Nous en mangeons 4 fois trop. Résultat de cet excès : cancers, maladies dégénératives, problèmes cardio-vasculaires…
À quel prix ? En France, on tue 1,2 milliard d’animaux d’élevages chaque année. Oui, plus d’un milliard pour 65 millions d’habitants. Et le pire c’est qu’une grande partie finit à la poubelle sans être consommée, à cause du gaspillage alimentaire. Des tonnes de souffrance animale, du fourrage, des mises à mort pour rien.
Enfin, la viande bovine est un problème majeur pour l’environnement. Il faut plus de 15.000 litres d’eau pour obtenir un kilo de viande de bœuf, et cela rejette 27 kilos de gaz à effet de serre, essentiellement à cause des pets des ruminants. Au niveau mondial, l’élevage est responsable de 14,5% des émissions de GES. C’est considérable : une réduction massive de la consommation de viande permettrait de s’approcher des objectifs fixés par les accords sur le climat.
Mais le gouvernement Macron, qui travaille d’avantage pour les lobbys et les capitalistes que pour la population, fait tout l’inverse. Le Ministre de l’agriculture Marc Fresneau vient de décorer le patron d’Interbev. Il diffusait le 22 décembre une photo de la cérémonie avec le message : «Très heureux d’avoir remis au nom du Président de la République les insignes de chevalier de la Légion d’honneur à Marc Pagès, directeur d’Interbev» et saluait son «engagement et ses convictions fortes au service de l’élevage et de ses professionnels éleveurs». Pour rappel, cette distinction est sensée récompenser «les mérites éminents acquis au titre de la Nation».
Élevage intensif, maltraitance animale, pollution à outrance et capitalisme effréné, voilà donc les mérites valorisés par le macronisme !
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