Par décret, et sans concertation, le gouvernement Macron a fait passer en urgence le 23 décembre une attaque sans précédent contre le droit au chômage. Alors qu’un premier projet présenté aux syndicats cet automne prévoyait de réduire la durée d’indemnisation de 25%, le nouveau projet ira beaucoup plus loin : jusqu’à 40% de réduction en cas de taux de chômage à 6%.
Le gouvernement crée donc des indemnités à taux variable, indexées sur le taux de chômage, comme si cette conquête sociale n’était pas un droit, pour lequel les travailleurs cotisent, mais une sorte de bonus. Comme en Bourse, une indemnité qui change selon les lois du marché. Ce qui va mettre en insécurité totale les personnes privées d’emploi, qui peuvent voir la durée de leur indemnité changer selon le contexte et selon les statistiques opaques du Ministère du Travail.
Le décret du gouvernement prévoit une baisse de 40% de la durée d’indemnisation quand le taux de chômage français aura atteint 6% en moyenne sur le territoire. Pour forcer les chômeurs restants à aller trimer. «On est en train de pousser des chômeurs vers le RSA, vers la très grande pauvreté» estime la CGT. «Ce gouvernement est en train de casser l’assurance-chômage et quand il a tous les syndicats en face, que ce soit sur l’assurance-chômage ou les retraites, il n’en tient absolument pas compte».
En plus, cette mesure est un cercle vicieux. Les pauvres seront obligés d’accepter des boulots sous-payés, précaires ou à temps partiel pour ne pas perdre leurs droits. Ce ne sera pas de vrais contrats, des emplois qui permettent de vivre, mais des jobs contraints qui feront baisser les statistiques du chômage. Et donc réduiront mécaniquement les droits de tous les chômeurs. Baisse des salaires, baisse des droits, augmentation du halo du chômage : le cocktail explosif des politiques néo-libérales.
«Dans les faits, on raccourcit les fins de droits pour ceux qui en ont le plus besoin, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas pu retrouver du boulot avant l’épuisement de leurs droits au chômage. Ils vont perdre plusieurs mois et ils pourraient encore perdre avec cette nouvelle disposition» explique la CGT. C’est une machine à créer des personnes en ultra-précarité.
Pourquoi attaquer, encore plus fort, sans vote et au moment de Noël les droits des chômeurs ? Pour détruire les derniers parachutes sociaux. Macron veut conditionner le RSA à 20 heures de travaux gratuits par semaine et détruit les indemnités de chômage. Il n’y aura plus aucun moyen d’échapper à l’exploitation patronale. Travaux forcés pour tout le monde, sauf les rentiers, les spéculateurs et les patrons. Soit vous possédez, soit vous trimez.
C’est aussi pour faire des économies. Au moins 4 milliards d’euros. Il faut dire que Macron a d’autre priorités avec l’argent public. Le gouvernement vient de débloquer 15 milliards de plus pour la police, qui est déjà suréquipée, surarmée et surpayée. Il dépense des milliards en cabinets de conseils et encore plus en cadeaux aux entreprises, avec la suppression de l’ISF et les exonérations diverses pour les patrons. Quant à la fraude fiscale, elle continue d’atteindre des sommes astronomiques.