Attaque raciste au sabre : il y a un an, la justice punissait les victimes et protégeait l’agresseur


Le racisme d’État et la complicité des autorités avec l’extrême droite démontrés en une affaire


L'article du Monde sur l'attaque raciste au sabre de William Mallet

C’était le 8 décembre 2021. Il y a un an seulement à Paris. Trois jours plus tôt, le candidat Eric Zemmour tenait un grand meeting près de la capitale, lors duquel des néo-nazis avaient tabassé des militants de SOS Racisme devant les caméras de la France entière. C’était il y a un an, et une parole raciste débridée était omniprésente dans les médias. C’est il y a un an, et William Mallet attaquait un camp d’exilés à coups de sabre à Paris.

Le journal Le Monde raconte la façon dont les autorités ont tout fait pour criminaliser les victimes de cette tentative de massacre raciste et ont protégé, de fait, le criminel. C’est accablant de bout en bout. Alors que William Mallet a découpé des tentes et tailladé le corps d’exilés à coups de sabre en hurlant «mort aux migrants», la police débarque et met en garde à vue 4 victimes. Leur seul tort ? S’être défendues avec une branche pour désarmer l’homme qui voulait les tuer.

En plus du raciste, 4 victimes, parfois gravement blessées, sont donc enfermées pendant 48h. Deux jours en cellule sans soins, sans traducteur, sans aide psychologique. On ne leur demande même pas si elles souhaitent porter plainte. Pire, un ressortissant marocain reçoit une OQTF, une obligation de quitter le territoire. Le document prétend qu’il a commis des «violences volontaires avec armes» : le morceau de bois qui a désarmé le criminel !

Pendant ce temps, les bénévoles qui aident les réfugiés demandent aux autorités de protéger le campement. La réponse de la préfecture ? Envoyer la BRAV, la brigade motorisée ultra-violente, pour verbaliser tous les militants pour «rassemblement interdit» ! Le fascisme est déjà là.

En parallèle, la justice décide de faire le minimum concernant William Mallet. La qualification retenue est «violence avec arme». Pas une «tentative d’homicide»donc, ce qui est pourtant évident et assumé, ni même de circonstance aggravante de racisme, pourtant punie par la loi. «Violence avec arme», c’est la qualification utilisée contre le moindre manifestant soupçonné d’avoir jeté un caillou en direction de policiers par exemple. Ici, c’est pour un vieux raciste venu commettre un massacre.

Encore plus fou, William Mallet ne sera pas suivi à sa sortie de prison, pour vérifier qu’il n’a pas d’arme chez lui. Il ne sera même pas fiché par les services de renseignement, qui compilent pourtant l’identité de dizaines de milliers de militants et musulmans en France, et attribuent des fiches S aux écolos et aux anticapitalistes. Des mois s’écoulent, l’affaire n’est pas jugée, William Mallet est remis en liberté. Deux semaines après sa sortie, il tue trois kurdes à Paris.

Absolument tout dans cette affaire montre la complicité des autorités françaises avec l’extrême droite. Du traitement policier à l’enfermement des victimes exilées, des poursuites judiciaires minimales de l’attaquant à l’absence de suivi de sa dangerosité. Des officiers de police, des juges, des procureurs portent une large responsabilité dans le triple meurtre du 23 décembre 2022. Et plus généralement, l’appareil d’État se rend complice de la violence d’extrême droite. Si un jour quelqu’un ose mettre en doute l’existence du racisme d’État en France, montrez-lui cette affaire. Elle en est l’incarnation la plus totale.

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