Explosion des radiations par Pole Emploi
«Le chômage en baisse», «le plein emploi est à portée de main». Voilà ce que nous répètent les médias aux ordres et le gouvernement depuis plusieurs jours. Une énième opération d’intoxication dont le régime a le secret : imposer une vérité, un récit mensonger dans les esprits.
En réalité, derrière cette «baisse» apparente se trouve une explosion des radiations et la multiplication des jobs ultra-précaires. Médiapart explique que les radiations administratives de Pôle emploi battent tous les records. Il s’agit pourtant d’une sanction extrêmement grave par un service de l’État : «radier une personne, c’est lui couper les vivres durant un temps déterminé. La priver d’allocations chômage et la rayer de la liste des demandeurs d’emploi parce qu’elle n’a pas respecté une obligation.»
En novembre 2022, 58.100 personnes ont ainsi été radiées. Un chiffre jamais vu depuis que les statistiques du chômage existent. Sur un mois, la hausse atteint 19%, soit 9.400 radié·es supplémentaires par rapport à octobre avec un taux déjà très haut. Et Pole Emploi n’a donné aucune explication à Médiapart sur cette flambée des radiations.
Cela n’empêche pas un journal économique comme Les Échos d’écrire que «le chômage poursuit sa baisse», ni le Ministre du Travail de Macron de tweeter que la «baisse du nombre de demandeurs d’emploi qui s’appuie sur la création» de nouveaux emplois.
De fait, si ces «nouveaux emplois» existent, ce sont des jobs précaires, à temps partiel, sous payés. Les chômeurs et chômeuses sont obligées d’accepter des boulots pourris pour éviter d’être radiées par Pole Emploi, et donc d’être privées de toute ressources, en situation d’extrême précarité. Les gouvernements successifs ont cassé le code du travail et supprimé les protections des salarié·es.
Derrière la com’ gouvernementale, il y a la réalité : celle d’une exploitation grandissante et de radiation massives de chômeurs des statistiques. Et les réformes du chômage, qui assimilent l’abandon de poste à une démission et excluent les personnes concernées des droits au chômage, ou qui prévoient la réduction du temps d’indemnisation, vont accentuer cette dynamique.
Plutôt que de faire baisser la fièvre, le gouvernement préfère casser le thermomètre. En 2019, Macron avait supprimé l’observatoire de la pauvreté. C’est pratique, s’il n’y a plus de données, on ne peut plus les commenter. Il fait la même chose avec le chômage. Travaille et tais-toi, ou crève en silence.
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