Des canons à neige sabotés, un pylône alimentant un site chimique coupé

Des canons à neige sabotés, un pylône alimentant un site chimique coupé

«Pas de ski sans neige»

L’action a eu lieu la nuit de Noël, en Haute-Savoie. Deux canons à neige du domaine skiable de la station des Gets ont été pris pour cible. Des tags ont été inscrits sur les engins et les câbles d’alimentation ont été sectionnés pour les rendre inutilisables. En lettres rouges sur l’une des machines à neige artificielle : « Pas de ski sans neige ».

En Haute Savoie, la coupe du monde du ski avait lieu du 15 au 18 décembre. Mais la montagne manquait de neige. Pour assurer un l’épreuve de biathlon, les organisateurs avaient fait venir 24.000 mètres cube de neige artificielle… par camions ! Le réchauffement climatique fait disparaître l’enneigement de nombreuses stations, qui ont recours de plus en plus massivement à l’enneigement artificiel, qui nécessite en moyenne 4.000 m3 d’eau à l’hectare.

Le ski reste un loisir réservé à une petite minorité de privilégiés. C’est l’un des sports les plus destructeurs pour l’environnement. Pour créer les pistes de ski alpin, il faut mettre la roche à nu, couper les arbres, abîmer la montagne et détruire la flore et la faune qui y vit.

Sabotage contre les «polluants éternels»

Connaissez-vous Akerma ? C’est une multinationale française de la chimie responsable d’empoisonner l’environnement et les êtres humains. Elle produit des «matériaux de spécialité» pour l’industrie : vernis, polymères, adhésifs et autres dérivés plastiques. Des produits utilisés par des secteurs polluants comme l’aéronautique, l’automobile, les emballages, l’électronique…

Akerma n’est pas connue du grand public, mais est basée dans 55 pays et a généré un chiffre d’affaire de 9,5 milliards d’euros en 2021. Comme d’autres entreprises du secteur, elle produit des PFAS, les polyfluoroalkylées, produits très toxiques dont certains sont appelés les «polluants éternels» car ils empoisonnent durablement l’environnement et ne se dégradent pas. Ils ont un rôle de perturbateur endocrinien et sont cancérigènes. Le 17 décembre dernier, une usine Arkema à Pierre-Bénite, près de Lyon, avait été envahie par des écologistes.

Le 18 décembre dans le Gard, c’est un pylône de 225.000 volts qui était saboté. La ligne électrique approvisionnait en énergie un pôle chimico-industriel qui comprend notamment des usines chimiques de la firme Solvay qui est mise en cause pour la diffusion de polluants éternels sur les riverains de l’usine, ainsi que l’usine Rhodia, deux sœurs jumelles d’Akerma.

Dans un communiqué anonyme, celles et ceux qui signent résistant.e.s expliquent que site étant «trop bien protégé», c’est l’alimentation électrique qui a été ciblée. Pour les responsables de Réseau de Transport d’Électricité (RTE), «c’est un acte très rare car compliqué à mettre en œuvre». Pour les militants, il faut «s’attaquer aux entreprises qui empoisonnent la terre» par des occupations, des manifestations ou des sabotages.

Multiplication des initiatives

La répression est de plus en plus implacable en France, mais elle n’empêche pas l’éclosion d’initiatives ciblées sur tout le territoire. Les manifestations en ville étant devenues dangereuses, des dizaines d’actions contre les firmes capitalistes et destructrices de l’environnement ont lieu discrètement.

Les services de renseignement s’alarment de 104 “actions violentes” répertoriées entre le 1er janvier et le 30 octobre. Parmi elles, le sabotage de golfs ou de mégabassines, la dégradation de pylônes ou d’antennes relais, des offensives contre des multinationales polluantes…

Alors que le désastre climatique est déjà là, que la biodiversité s’effondre et que les scientifique du monde entier annoncent une apocalypse écologique à court terme, s’agit-il, comme le prétendent les autorités, “d’actions violentes” et “d’éco-terrorisme”, ou de légitime défense pour sauver ce qui peut l’être ? L’histoire jugera.

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