2,2 milliards de bénéfices, mais des fermetures de lignes, pas d’augmentation des cheminots ni de baisse des prix
Ce n’est pas la crise partout. La SNCF réalise cette année un bénéfice colossal et sans précédent : 2,2 milliards d’euros. Et ce record fait suite à celui déjà atteint l’année dernière : 1,5 milliard d’euros. Quand on voit l’état du rail en France et le prix des billets, cela paraît invraisemblable. C’est d’ailleurs pour cela que la direction tentait de garder ce chiffre secret d’après une source interne à l’entreprise, alors que la grève des contrôleurs pour une augmentation des salaires était en cours avant Noël.
Mais alors où partent ces profits inouïs ?
Servent-ils à améliorer le réseau ? La loi exige qu’une partie de l’argent aille dans une caisse qui finance la «modernisation des rails». Mais la somme sera insuffisante pour rénover le réseau ferré français, qui est sous-financé depuis des décennies. En effet, l’argent public n’est plus utilisé pour remettre à niveau le réseau, c’est l’entreprise devenue «Société anonyme» en 2020 qui a la charge de cette tâche. Un choix politique, alors qu’il faudrait un plan d’investissement massif de l’État pour réduire les déplacements routiers et donc la pollution. À titre de comparaison l’Italie débloque190 milliards d’euros sur 10 ans pour améliorer son réseau ferroviaire, et l’Allemagne démocratise les transports en train en baissant massivement le prix des billets.
Côté français, en 2021, un rapport de la Cour des Comptes dénonçait le vieillissement et le mauvais état des voies ferrées sur de nombreuses lignes. Résultat, les petites lignes qui sont déjà les moins financées pourraient fermer car elles ne seront plus en assez bon état. La SCNF a déjà sacrifié beaucoup de lignes dites secondaires qui reliaient les villes moyennes au profit des grands axes de TGV, qui rapportent plus. Ce qui augmente la fracture territoriale entre métropoles et périphéries. Sans compter toutes les petites gares qu’on trouvait jadis dans toutes les petites villes, et qui sont aujourd’hui abandonnées.
Profits records, mais baisse continue du service et du réseau. Mais qu’en est-il des salaires ? Les cheminots se battent pour des augmentations depuis des années, et en ont bien le droit, rappelons que c’est grâce au personnel que l’argent rentre. D’après France Info, «une hausse des salaires des cheminots n’est pas prévue», malgré les bénéfices. Pourtant, le PDG de la SNCF gagne 450.000€ par an. On se demande qui sont les «privilégiés» dont parlent tant les médias dominants.
Ces bénéfices vont-ils permettre une baisse des prix ? Alors que le prix du train est hallucinant, et qu’il faut quasiment vendre un rein pour faire un simple aller-retour de Nantes à Paris, aucune baisse des tarifs des billets n’est prévue l’année prochaine. La SNCF prévoit même une augmentation des tarifs des billets de TGV de 5% en moyenne dès le mois de janvier. Le train est devenu un luxe, alors que c’était le transport collectif populaire par excellence il y a quelques décennies. Un réseau qui couvrait tout le territoire, propre, pas cher, pratique : un service public détruit, saccagé par le néolibéralisme.
Résumons : la SNCF n’a jamais fait autant de profits, mais elle ne compte ni améliorer le réseau, ni augmenter ses salariés, ni même baisser ses prix. C’est l’exemple même de la rapacité capitaliste. Le ruissèlement n’existe pas, c’est même tout l’inverse à la SNCF, en voie de privatisation. Les entreprises, guidées par le seul profit, n’ont aucune intention de redistribuer : l’accumulation est une fin en soi, même s’il faut tout détruire pour y parvenir.
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